Suite en images

Théâtre de Hiérapolis

Pamukkale, château de coton

Instant de vie, camping de Karahayit

Folie en stock sur colonne antique

Faire du vélo, ça salit !

Tombes Lyciennes, IVe s avant JC, Dalyan.

De Pamukkale à Dalyan

On nous avait prévenus que la route pour rejoindre Dalyan allait être difficile. Nous avions gardé espoir que c’était le manque d’expérience du vélo qui faussait le jugement de ces personnes. Après Denizli, la montée commence. Les souvenirs des bons moments passés ces derniers jours la rendent toute légère. D’autant plus qu’à mi-parcours, les tenanciers d’un « resto-route »  nous invitent à prendre un thé puis à souper avec eux et à dormir dans l’une de leurs chambres… Le lendemain, la suite de la montée nous prend du temps. Non pas parce que nous sommes sans force mais parce qu’on nous invite à quatre reprises pour prendre le thé ! Une fois le col atteint, nous croyons être au bout de nos peines. Ah ces Turcs, une petite montée leur fait déjà peur ! Le jour suivant, nous nous mordrons les doigts d’avoir pensé cela. Journée éreintante, mal de tête, soif, absence de magasin, montée qui se prolonge à chaque contour… Raides, nous établissons notre campement dans des pâturages. A peine endormis, deux hommes nous éclairent avec leur lampe torche. Après moult tentatives pour se faire comprendre, nous comprenons enfin : ils ont peur que nous mettions le feu à leur forêt. Lorsqu’ils comprennent que nous nous en allons le lendemain matin, ils nous donnent une vive poignée de main et une tape sur l’épaule avec un large sourire de soulagement et nous souhaitent une bonne nuit. Le lendemain, la montée cède la place à la descente et au plat, pour notre plus grand plaisir. Le jour suivant de même. Avec en prime un bain de boue... et de touristes. Nous voilà maintenant à Dalyan, dans une superbe maison avec chambre personnelle, grand lit confortable, sanitaires reluisants, cuisine à dispo, shampoing (du vrai !)… Tout ça grâce à Faruk et Marije, un couple rencontré vers Pamukkale. Lui est Turc, elle est Hollandaise. Ils vivent en Belgique, ont une maison en Turquie et voyagent durant deux ans… Vous suivez ?  Et en prime, ils parlent anglais ! Nous y resterons donc deux nuits avant d’entamer la côte sud de la Turquie ainsi que les foules de touristes et les températures élevées qui l’accompagneront sûrement. AG 21.06.12

Quelques images de Turquie


Un litre après l'autre...


Temple d'Atena à Behramkale


La famille au champ de coton


Côte de la mer Egée


Le camping sauvage, ça peut être ça...


...ou ça !



Une tente un peu plus lourde à déplacer...

De Çanakkale à Pamukkale

çanakkale marque le début d'un nouveau rythme quotidien : lever à 6 heures, pause de midi à 16 heures, puis reprise de la route jusqu'au soir. ça, c'est la théorie. C'est sans compter les assauts impétueux des divers insectes-volants-piquants écourtant radicalement nos pauses ou la difficulté à se lever aux aurores après une nuit trop chaude presque sans sommeil... Il nous manque encore les stratégies et techniques de gestion des 40 degrés quotidiens mais on ne perd pas espoir ! Heureusement, chaque journée nous offre son lot de surprises, véritables sources d'énergie. Deux simples pékins sur des vélos mais de l'extérieur, on pourrait croire au passage de deux stars : salutations à tour de bras, conducteurs qui reviennent en arrière pour se faire prendre en photo à nos côtés, invitations quotidiennes au çay, fierté de nous avoir à table, dépôt de bières devant notre tente... Tableau qui semble idyllique. Toutefois, ce n'est pas toujours évident d'être à l'aise dans certaines situations: confusions ou malentendus liés à la langue, refus d'invitations pour pouvoir avancer, besoin de solitude…
Depuis Çanakkale, cap au sud. Un détour éreintant par Assos générera quelques grognements contre le « Guide du Routard » qui en conseille la visite car cette ville se révèle être finalement un amas d'établissements touristiques. Mais ça sera l'occasion de rencontrer un Allemand qui nous partagera ses aventures de voyage passées. Depuis cet échange, ça cogite fort dans nos caboches. Et le casse-tête est loin d'être résolu. Composer entre sécurité, envies et saisons... ou alors se laisser simplement aller de l'avant; mais là, nous avons encore du chemin pour y parvenir. Passage à Bergama où nous vivons une scène cocasse. Un groupe de touristes se fait incendier par leur guide : 
« C'est interdit de photographier les militaires ! Vous ne le feriez pas dans votre pays, alors pourquoi vous le faites ici ?! 
Et Olivier de clamer, le sourire aux lèvres :
- Nous on le fait, dans notre pays !
Surpris, l'homme se retourne : 
- Vous venez d'où ?
- De Suisse.
- Ah oui mais vous, c'est différent, vous faites partie d'un autre monde. » 
Le seul camping de Bergama affichant des prix surfaits, nous reprenons la route. C'est finalement une famille de cultivateurs de coton qui nous offrira leur jardin et bien plus encore. A Foça, premier mécontentement stomacal pour ma part : indigestion au menu. Les 10 km. du lendemain pour atteindre un camping officiel sont rudes. La forme recouvrée, cap sur l'intérieur des terres. Notre but: Pamukkale, merveille de la nature. Nous y trouverons, dans un village voisin, un petit coin de paradis : un camping-pension avec piscine extérieure et bassins d'eau thermale naturellement chaude et aux vertus médicinales. Un lieu très prisé des familles turques. Le hic, c'est que les hommes sont dans le bassin extérieur et les femmes à l'intérieur. Donc exclu de me pavaner en bikini par ici et pas chouette de faire piscines séparées. Heureusement, les bains sont ouverts aussi la nuit... AG 16.06.12  

Jeux sans frontières

Un point à Christian, qui donne 3,5 réponses de juste (sur 10...). Presque ex-aéquo avec son unique concurent, dont nous ne connaissons l'identité...
Voici les réponses :
1) Les 3 mots appris : bonjour, merci, au-revoir
2) Matelas de sol : grâce à une pompe intégrée ils se gonflent à la main, ce qui évite toute moisissure interne.
3) La viande la plus consommée : le poulet, c'est super bon, ça se trouve partout et c'est pas cher.
4) La seule pression que l'on a : c'est celle que l'on se met (dixit Chrono)
5) Quantité d'eau : 5litres, et ça commence à faire juste vu la chaleur !
6) La tente : Hilleberg (marque Suédoise)
7) Combustible : de l'essence, ça se trouve partout... mais ça noircit tout.
8) Cuisine : Olivier, Aline s'occupant pendant ce temps de monter la tente.
9) La langue des Balkans : l'allemand (ça se poursuit en Turquie...)
10) Cadre en acier : ça se ressoude et ça absorbe une partie des vibrations.

Pensées et phrases philosophiques de voyage

"Des amis m'ont dit avant de partir que "après la pluie, il y a toujours du soleil". J'y ai bien réfléchi et aujourd'hui je me pose la question suivante : après le soleil, il y a quoi ? Parce qu'ici, il commence à faire vraiment chaud..." Olivier Forney

Le souffle du camion

Cela fait bien des jours que nous chevauchons sur des routes d'asphalte construites par l'homme, décennie après décennie. Routes brûlantes sous un soleil ardent, loin de tout arbre au couvert salutaire. C'est donc coup de pédale après coup de pédale que nous traversons des montagnes arides et sillonnons des plaines désertiques qu'Eole a abandonné il y a bien longtemps. Nos gorges sont sèches et nos jambes lourdes. C'est dans un état semi-comateux que, de temps à autre, nous entendons au loin un léger bourdonnement. Puis soudain, c'est l'ombre, cette masse qui nous frôle, nous attirant dangereusement vers elle, souhaitant peut-être nous happer à son passage. Et cet air chaud, chargé de poussière qui nous submerge, l'histoire d'un instant. Cet air brûlant que nous appelons... le souffle du camion. OF 15.06.12 

Pensées et phrases philosophiques de voyage

« Hospitalité, certains en font un business, d’autres un devoir. »  Olivier 

Un jour comme un autre


Ce matin, nous nous sommes levés aux alentours de 7 heures. Surpris la veille par un orage, nous n’avons pas pu nous ravitailler comme d'habitude. Notre déjeuner sera donc pour plus tard. Quelques kilomètres après notre départ, nous entrons dans Gönen et nous nous arrêtons au premier magasin pour faire quelques achats. Un pot de yaourt, quelques biscuits, du pain pour le dîner et huit livres turques plus tard (environ quatre francs suisses), nous nous retrouvons hors du magasin à essayer de ranger les victuailles dans nos sacoches. Là, le gérant nous accoste et nous propose de nous offrir un çay. Nous acceptons. Durant la discussion qui suit, il nous dit nous avoir vus hier sur la route et nous pose diverses questions sur nous et notre voyage. Un de ses amis arrive avec un sac plastique contenant une quainzaine de petits pains au fromage. Voyant que l’on n'a rien à manger pour accompagner notre çay, il nous propose ses petits pains. Pas un, ni deux, mais la totalité de son sac. Ceci étant fait, il prend part à la discussion tout guilleret. Le temps ne s’étant malheureusement pas arrêté, il nous faut songer à repartir. La route est longue et la température monte rapidement depuis quelques jours. Durant nos adieux empreints de gratitude, le gérant profite de nous offrir un litre de jus de pêche ainsi que des serviettes humides pour que l'on puisse se laver les mains. Nous nous retrouvons donc avec le déjeuner de fait et de quoi dîner copieusement. C’est parfait ! Enfin presque. Plus qu’un petit saut dans une station-service pour se procurer de l’eau et l’on sera autonomes jusqu’au souper. Zut, le robinet de la borne eau et air de la station ne fonctionne pas. Que faire ? Un chauffeur de car long courrier, ayant compris notre problème, vient à nous, deux bouteilles d’eau minérale bien fraîche à la main. Nous souhaitant bon voyage, il se retire heureux d’avoir pu nous être utile. Sous l'effet de la surprise, nous reprenons la route en saluant et en se faisant saluer par les habitants de cette petite ville. 


Midi se pointe et nos ventres nous le font savoir. Durant notre pique-nique, un jeune homme vient à notre rencontre. Il vient près de nous, même très près de nous et nous regarde. Un peu gênés par cette proximité incongrue et silencieuse, on engage la discussion. Heureux d’apprendre nos deux noms, il repart comme il était venu. Moins d’un kilomètre plus tard, un agriculteur et sa femme nous font signe de nous arrêter. On obtempère. Descendant de son vieux tracteur, l'homme nous offre deux beaux kilos de petites prunes locales fraîchement cueillies puis nous souhaite une bonne route. Pas de question, pas d'attente, rien qu'un simple  « Güle güle ! » 

Après avoir refusé poliment deux fois du thé - nos ventres étant plus que pleins -, nous arrivons sur le lieu que nous souhaitons utiliser pour installer notre campement. Là, un berger garde son troupeau. Après nous avoir autorisés à planter notre tente sur ses terres, il nous salue et s'en va ramener ses moutons à la bergerie. Moins d'une heure plus tard, il revient pour nous offrir trois beaux morceaux de son fromage et un joli kilo de petites prunes vertes. Cadeaux ! Un sourire et le voilà déjà reparti. Si le déroulement de cette journée peut sembler peu vraisemblable, c’est à peu de chose près ce que l’on vit depuis notre arrivée en Turquie. Pas un jour passe sans que l’on reçoive de la nourriture ou des boissons. Pas un jour sans que la générosité turque redéfinisse l’idée que l’on avait de ce mot.    
                                                                              OF 01.06.12

D'Istanbul à Çanakkale

Le lundi 28 mai, nous nous pointons au port d’Istanbul pour prendre le bateau pour Bandirma, munis de nos billets achetés le samedi. Après s’être pris une averse, avoir roulé tant bien que mal avec un pneu percé et s’être hâtés pour ne pas être en retard, nous arrivons à l’embarcadère où nous nous entendons dire « la compagnie a changé de bateau, les vélos ne sont pas autorisés ». Au vu de l’inflexibilité du gaillard malgré ma mine défaite, changement de programme et cap sur Mudanya, après cinq heures d’attente. La suite des événements corroborera ma devise «  il y a du bon dans tout ». Arrivée à 19 heures sur terre ferme. Il pleut, la nuit va tomber et il nous faut trouver un lieu où camper. Finalement, c’est Erol, patron du restaurant-cafétéria d’une station de bus qui nous offrira non seulement un logement dans son cabanon de jardin mais aussi un délicieux souper local comme j’en rêvais, ainsi qu’un solide déjeuner le lendemain.


Le soir suivant, ce sont des ouvriers et leurs familles qui nous offrent un toit dans une ferme. Un çay ? Euh… ben… oui, volontiers. S’en suit un moment d’échange et de silence - c’est quand même dur le turc - autour d’un thé avec du pain, du fromage, du miel et d’autres produits maison. Et à 22 heures, nos hôtes viennent nous sortir de notre « pré-endormissement » pour nous dire que le propriétaire des lieux, en déplacement en Italie, nous offre le souper. Donc, nous soupons une seconde fois dans  la cuisine des ouvriers. Bien sûr, le lendemain : çay ? A force, nous apprenons à dire oui et à mettre de côté notre gêne. Le samedi 2 juin, nous arrivons à Çanakkale, après quatre jours sur une route digne des montagnes russes. Un jour de repos dans un camping au bord du détroit des Dardanelles saura être apprécié. AG 02.06.12

Détroit des Dardanelles

De Kavala à Istanbul

C’est qu’on y prend vite goût, au repos ! Néanmoins, après un jour et demi de pause, nous reprenons la route. Un itinéraire sans grand intérêt. Ajoutez à cela une pluie sans fin et un ciel morose, et les pensées se perdent dans le rêve d’un canapé douillet ou d’un bon bain chaud. Solidarité et courage, il en faut pour donner les coups de pédales qui nous mèneront vers des jours meilleurs. Le 19 mai, jour historique de notre voyage : notre première crevaison. Olivier en fait son affaire en quelques minutes. Les rencontres avec d’autres cyclo-touristes colorent ces journées grecques un peu ternes. A Alexandroúpoli, nous trouvons enfin un camping ouvert pour notre dernière nuit en Grèce. C’est par l’autoroute - routes les plus sécuritaires selon un confrère allemand qui les a empruntées pour traverser la Grèce - que nous atteignons la frontière turque. Passage sans aucune difficulté.

Ça y est, nous entrons dans le pays qui sera notre hôte durant près de trois mois ! Si la frontière ne change pas le paysage, elle change les hommes. Nous pénétrons dans un nouveau monde où les gens nous saluent à tour de bras, où l’hospitalité et la générosité sont telles qu’il faut les vivre soi-même pour en réaliser toute l’ampleur. Les quelques mots de turcs appris suffisent à modeler les conversations dont nous ne comprenons pas grand-chose finalement ; peu importe, l’échange est bien là. Quatre jours sur une route rectiligne nous amènent à Istanbul. Nous avons compris pourquoi certains préfèrent y arriver en bateau ! Une quarantaine de kilomètres à slalomer et rivaliser avec voitures, camions et cars, sur une route sur-fréquentée. C’est lessivés par la concentration et les haut-le-cœur que nous arrivons aux portes de la vieille ville. Istanbul, c’est un partage entre les belles découvertes et les pénibles confrontations qu’une grande ville implique. Notre coup de cœur restera la Mosquée Bleue de nuit et la sérénité qu’elle nous a offerte. Mais la foule incalculable, les bruits sans répit et le harcèlement des vendeurs en tout genre, à chaque instant et partout, sont les désagréments qui nous donneront envie de reprendre le large. Quoi qu’il en soit, nous avons apprécié de laisser nos vélos de côté un instant, découvrir des lieux chargés d’histoire et goûter aux saveurs turques. AG 27.05.12

De la Chine jusqu'à Londres pour les JO