Une rencontre inoubliable

Très tôt après leur départ, peut-être même déjà avant, nous avons imaginé rejoindre Aline et Olivier pendant leur périple. Petit à petit le projet a pris corps. L'Inde paraissait l'endroit idéal tant au niveau du timing que de l'intérêt que nous pouvions y trouver. En quelques échanges d'emails, le lieu et la date furent retenus. Nos deux voyageurs ont ensuite établi une liste de matériel à leur apporter.  C'est ainsi que le jour du départ nos bagages personnels se sont retrouvés en compagnie de pneus, de chaînes et de roues dentées.

Notre première destination en Inde est Dehli. A peine le temps de récupérer d'un voyage d'une douzaine d'heures que nous sommes propulsés dans la réalité indienne lors de la visite d'Old Dehli. Nous avons vite le sentiment que notre ignorance des codes de lecture des comportements, ne nous permettra pas de quitter notre bulle protectrice constituée par notre guide, le véhicule mis à disposition par l'agence de voyage, le chauffeur du dit véhicule et notre hôtel aseptisé. Le soir même nous essayons quand même de rejoindre par nos propres moyens un restaurant que le guide nous a recommandé. Nous ne le trouverons pas. Par contre nous tentons notre chance dans un établissement où nous mangerons, nous le réaliserons plus tard, un des meilleurs tahlis de notre voyage et cela pour moins de CHF 8.-/pers. Encouragés par ce premier succès, nous décidons de rejoindre l'hôtel à bord d'un rickshaw motorisé (touc-touc). Notre première négociation est également un succès, le chauffeur se met en route pour un tiers du prix initial. Nous apprendrons plus tard que c'était encore bien trop cher. Nous nous rendons vite compte que ce chauffeur n'a aucune idée d'où se trouve notre hôtel. Nous l'arrêtons pour lui dire qu'il n'est pas sur le bon chemin. Il se renseigne, fait demi-tour et s'arrête devant un hôtel dont le nom ressemble vaguement au nôtre. La balade durera finalement trois quarts d'heure. Ce qui aurait pu être amusant devient assez vite pénible, car il fait froid. La veille, à notre arrivée en pleine nuit, il faisait 4 degrés. Le chauffeur réalisant notre inconfort, nous passe une des deux couvertures dans lesquelles il est emmitouflé.Ce geste lui vaudra un solide pourboire. Le lendemain, nous continuerons de visiter Dehli de manière plus classique. Durant tout ce temps, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous demander ce que font nos deux cyclistes. Nous devons les retrouver à Udaipur, ville située à environ 1000 km au sud-ouest de Dehli.Seront-ils au rendez-vous ? Notre dernier contact remonte à une dizaine de jours. Olivier demandait que l’on ajoute à notre liste de matériel un nouveau filtre à eau, le leur étant cassé.Notre petite tentatived'indépendance d'un soir nous permet de mesurer toute la difficulté de voyager dans des pays aux langues et aux cultures si différentes. Notre admiration pour ce que font Aline et Olivier s’en trouve encore renforcée.

C'est en avion que nous rejoignons Udaipur.Notre contact dans cette ville, nous attend à l'aéroport.Il est au courant de l'objet de notre déplacement, mais n'a pas de nouvelle de nos voyageurs. Il dit qu'ils sont peut être déjà arrivés dans la guest house de son cousin. Il nous propose de nous y rendre dès que nous aurons déposé nos affaires dans l'hôtel où une chambre nous a été réservée pour trois nuits, le temps d'assurer la jonction. Lorsque nous quittons notre chambre en vue de nous rendre dans la guest house déjà mentionnée afin d'avoir éventuellement des nouvelles d'Aline et d'Olivier, nous entendons des voix connues dans l'escalier. Vous imaginez la suite... Avec l'aide de notre contact à Udaipur, nous organisons les dix jours que nous allons passer ensemble. Tout d'abord nous visiterons Udaipur et ses environs avec notre contact qui est guide professionnel et parle français. Ensuite, nous partirons visiter une partie de l'ouest du Rajasthan en voiture avec chauffeur. Nous découvrirons vite que ce dernier parle à peine l'anglais. Il faudra donc se débrouiller seuls. Nous réalisons aussi rapidement qu'Aline et Olivier seront d'une aide précieuse. Durant leurs 8 mois de périple, ils ont acquis une aisance remarquable pour se repérer, trouver le guest house sympa et pas cher, le petit restaurant dont la terrasse qui ne comprend qu’une seule table est juchée sur le toit d'un immeuble de quatre étages dominant la ville. Grâce à eux et à leur expérience de trois semaines passées dans ce pays déconcertant, nous allons vivre dix jours inoubliables. Enfin, nous pourrons sortir de notre bulle de touriste occidental. Aline se révélera une négociatrice hors pair.Avec eux nous découvrirons le fort de Kumbhalgahr avec sa muraille de 36 km de long ce qui en fait la troisième plus longue après la Grande muraille de Chine et celle de Gorgan en Iran. Ensuite ce sera le Mont Abu (1722 m), station de montagne prisée des personnes aisées du Gujarat qui viennent s'y réfugier durant les grosses chaleurs. C'est également un lieu de pèlerinage du jaïnisme. On y trouve de nombreux temples. Toute la région que nous allons visiter se distingue par ses forts, ses palais souvent situés à l'intérieur des forts et ses temples que l'on trouve aussi bien seuls, à l'intérieur des forts, voire des palais.Le Rajasthan est un des états qui compte la plus grande communauté musulmane, on y trouve par conséquent aussi de nombreuses mosquées. Les temples hors activité se visitent en principe comme n'importe quel monument. Pour les temples en activité il faut la plupart du temps se déchausser, voire être pieds nus. Dans les temples jaïne, il faut renoncer au cuir. C'est donc la aussi la ceinture qu'il faut abandonner. Les femmes indisposées y sont également interdites. Nous ignorons comment la chose est contrôlée... La plupart du temps, il faut payer un supplément si l'on veut pénétrer dans ces lieux avec un appareil de photos.Les caméras sont le plus souvent interdites. Ces règles n’ont visiblement pas été adaptées à l'air du tout numérique où même les téléphones portables sont dotés de caméra.

Après deux jours passés au Mont Abu, nous nous rendrons à Jodhpur où nous passerons aussi deux jours avant de retourner à Udaipur. Entre les visites, nous avons pris le temps de bavarder. Aline et Olivier semblaient ravis d'avoir des nouvelles de Suisse. De notre côté, nous étions avides de savoir comment s'était déroulée cette première partie de leur voyage. Il faut bien avouer que ce qu'ils vivent au jour le jour force l'admiration. Certes, ils font des rencontres étonnantes et l'accueil qui leur est réservé est le plus souvent chaleureux. Mais chaque journée présente son lot d'inconnues, de surprises, d'interrogations. A chaque pays, ses règles et ses usages. Au delà de la fatigue, cela représente une charge émotionnelle, une fatigue psychologique. Si nous ne pouvons rien faire pour les soulager sur le plan physique, nous avons réalisé combien les messages et les encouragements reçus par mail ou sous forme de commentaires sur leur blog leur apportent un soutien moral indispensable.Nous encourageons donc chaque lecteur de ce blog à leur adresser régulièrement un mot d'encouragement.Je passerai rapidement sur le moment où nous avons dû nous séparer. Vous pouvez bien imaginer dans quel état d'esprit nous nous trouvions. Nous sommes alors le samedi 19 janvier et nous devons prendre le train de nuit pour Agra. La gare se trouve à une vingtaine de minutes du guest house où nous avons passé la dernière nuit de notre séjour commun. Nous décidons de nous y rendre en rickshaw.C'est Olivier qui part à la recherche d'un de ces véhicules. Il reviendra après quelques minutes avec probablement le plus rapide des conducteurs de rickshaw motorisé de tout le Rajasthan. De plus, il n'arrêtera pas de faire le clown au volant de son engin. Nous soupçonnons Olivier d'avoir organisé cela afin que la séparation nous paraisse moins difficile. 29.01.13 Christian

Inde, deux, trois photos

Temples jains de Shatruniaya, Palitana

Des dieux faciles d'accès

Un cap symbolique

Chez l'Docteur pour un tchai

Ze-bu tôt l'matin !

Lavage du linge à Udaipur

Irrigation en campagne

De Champaner à Udaipur

Cela fait déjà deux jours que nous sommes dans une guest-house. Je descends à la réception dire que nous restons encore un jour, Olivier doit retrouver des forces avant de reprendre la route. « Non, vous devez partir dans quarante minutes. » « Pardon ? » En gros, deux c'est assez, trois c'est trop. Devant ma mine déconfite et mon incompréhension, les gérants me font une faveur et acceptent notre présence une nuit de plus. Le temps de commander quelques chapatis et un lassi et je remonte en chambre. Je rejoins un Olivier tout outré. Il vient de se retrouver tout nu sous sa couverture, face à un Indien qui est entré sans toquer et qui s'est planté devant le lit en agitant un petit balai comme pour demander s'il devait faire le ménage.  

24.12.12 - vers Vataman 
Halte pour visiter un temple jaïn. Nous ne sommes pas seuls. Des dizaines de pèlerins se sont eux aussi arrêtés dans ce lieu saint pour se reposer ou se faire frictionner les jambes. On nous invite à boire un tchai et nous nous asseyons sur des marches. La foule se presse autour de nous et le serveur doit se frayer un passage pour nous atteindre. Comme dans beaucoup d'endroits, on nous sert le thé dans ce que nous appelons communément une sous-tasse. Nous devons donc nous concentrer pour ne pas nous brûler, ne pas renverser le thé, tout en répondant aux mille et une questions des pèlerins. 

27.12.12 - Palitana
Les temples de Shatrunjaya sont parmi les lieux de pèlerinage les plus importants pour les jaïns. Mais pour y accéder, il faut gravir 3200 marches. Les porteurs de chaises attendent en masse au bas de la montée. Les clients sont nombreux : des personnes âgées, des jeunes, des personnes obèses, des maigres. Nous avons même vu, assis sur ces chaises, des enfants en bonne santé. Et des bagages. Nous, nous transpirons après avoir repoussé les nombreux « Do you want a seat » Marche après marche, nous nous élevons tout en admirant ces porteurs et porteuses stoïques. Arrivés au sommet, un chef-d'oeuvre architectural se dévoile devant nous. Une somme de travail inimaginable. Des temples aux sculptures remarquablement fines à n'en plus finir. Devant le temple principal, un croyant est assis devant une divinité. Tout en psalmodiant des prières sacrées, il étale des grains de riz sur une planchette en bois et de quelques gestes habiles, dessine le symbole de l'éternité. Il y pose ensuite une pomme, une sucrerie et quelques bonbons après les avoir présentés avec dévotion à sa divinité. 

30.12.12 - environs de Nal Sarova
Fin d'après-midi. Petite route de campagne. Un village à l'horizon. Une fillette arrive vers moi sur son vélo rose et me demande de l'argent. Je lui dis non et la contourne. Un peu plus loin, des femmes, en nombre suffisant pour occuper toute la largeur de la route. Il ne faut pas un grand sens de l'observation pour savoir ce qu'elles me veulent. J'essaie donc de les contourner. Sauf que « dame numéro un » attrape mon guidon. Résultat des lois de la physique, je tombe. Humiliée, surprise ou attristée, je ne sais pas trop, je me relève sous les rires des femmes. Qui ont certes un sens de l'humour différent du mien et qui ne me laissent toujours pas passer. La fillette fait son retour et se met devant la mince ouverture que je me fraie. Cette fois énervée, je suis obligée de pousser le minivélo rose pour repartir.

31.12.12 - Viramgam 
Ce soir, c'est la fête ! N'est-ce pas ? Bon, ben apparemment, ce n'est pas l'avis des villageois. Nous voilà relégués à un jour ordinaire. A nous d'y mettre notre touche de singularité. Nous débutons par une tasse de tchai à la sortie de la ville, là où nous trouvons un coin tranquille, sur un petit banc de pierres entre le marchand de thé et la rivière. De seuls, nous passons rapidement à une trentaine. Les gens affluent et nous regardent tels des oiseaux exotiques. Du coup, le marchand de thé nous offre la deuxième tournée. Après quelques photos, nous entamons la seconde étape de la soirée : le souper. Un thali dans une échoppe, tenue par un couple âgé et juste assez grande pour contenir deux tables. Allez, pour couronner le tout, nous nous achetons un demi kilo de glace. Le nom de cette dernière : Afghan Forest. Avant de nous affaler sur notre lit pour la déguster, nous sommes invités par le gérant de l'hôtel à nous asseoir un instant à la réception. La mâchoire nous en tombe lorsqu'il nous dit, en anglais approximatif : « J'habite à la sortie de la ville, là où vous avez bu des tchais et fait des photos. » Voilà. Il connaît en détail tout ce que nous avons fait avant même que nous le lui racontions. Un reality show où les acteurs principaux, ce sont nous.  

01.01.13
Au bord de la route, une famille indienne nous fait signe. Ces gens parlent un anglais si parfait que... ah oui ! effectivement, ils viennent des Etats Unis. Ils reviennent dans leur pays d'origine pour les vacances. On bavarde, on parle de notre voyage. « Et pour l'eau, vous faites comment ? » Apprenant que notre filtre est cassé, ils vont nous acheter 5 litres d'eau. « Et pour manger ? » « Et bien, quand notre réchaud fonctionnait... » Et nous voilà les bras chargés de biscuits et de barres énergétiques venues tout droit d'Amérique. Une situation que nous avons déjà connue auparavant. Sauf qu'aujourd'hui, nous sommes entourés d'Indiens qui observent la scène. Des personnes qui auraient bien plus besoin de tout cela que nous. Dissonance.

04.01.13 - Chhapi
Pour le dîner, nous nous arrêtons dans une gargotte au bord de la route. Nous rejoignons l'alignée de clients assis sur des paillasses tressées, une planche de bois posée en travers en guise de table. On nous apporte le plat du jour : un plateau métallique rempli de rotla (galettes de pain du Gujarat), d'oignons coupés et de trois petits bols, l’un rempli d’une sauce aux légumes, un autre de crème acidulée et le dernier de lentilles. Un plat unique mais autant de façons de manger que de clients. A notre droite, un grand plat commun dans lequel gisent les rotla réduits en confettis grâce à un travail habile de huit mains. Le serveur vient napper cette mixture de trois « sauces ». Le quatuor continue son travail et mélange le liquide au solide. En résultent des petites boules compactes que nos voisins mangent goulûment. A notre gauche, deux hommes. Les rotla sont déchirés grossièrement. Une partie des sauces est contenue dans les petits bols, une autre s’étale sur le plateau métallique. Les hommes prennent un bout de galette, le trempent dans l'une des sauces puis le portent à leur bouche. En ce qui nous concerne, nous nous la jouons plutôt raffinée. Nos rotla terminent en sandwich roulés aux oignons garnis d'une once de sel ; plus facile à porter à la bouche sans accident de parcours. Quant aux « sauces », c'est grâce aux cuillières intelligemment amenées par le serveur que nous y faisons face. Ces manières diverses de s'alimenter attirent l'attention et, de part et d'autre, les yeux glissent discrètement dans le plat du voisin.

06.01.13 - Goral
Ce matin, nous nous sommes résolus à adopter la yes attitude. A cause de notre niveau de fatigue mentale (permanence des bruits, des sollicitations, du trafic, etc.), nous sommes devenus quelque peu froids et distants avec les locaux. Ce qui ne nous plaît pas. Alors, nous avons décidé de faire l'effort d'être ouverts et positifs en toutes circonstances. Récompense garantie ! Le soir même, nous nous retrouvons chez un médecin de village et sa famille. Tous ensemble nous irons visiter le cabinet dudit docteur, découvrir leur temple et son maître spirituel, souper au restaurant, boire le thé chez leurs voisins. Finalement, nous nous endormirons sur de confortables couchettes dans la chaleur de la demeure familiale. L'arrière-grand-père, quant à lui, dormira à l'extérieur, devant la maison, comme à l'accoutumée.

10.01.13 - Udaipur

Nous atteignons Udaipur pour une raison bien précise : nous y retrouvons les parents d'Olivier ! Nous voilà donc partis pour dix jours de « vacances » à travers le Rajasthan. A.G. 10.01.13

P.S. Si vous souhaitez voir notre itinéraire pays par pays, cliquez sur les drapeaux de la colonne de droite !

C'est quoi ton animal préféré ?

Une question que l'on a tous posée à ses amis durant son enfance. Chat, chien, cheval et peut-être pour les plus « créatifs », lion, dauphin ou poisson rouge. La liste n'est pas très longue pour le jeune citadin suisse qui ne regarde pas « Planète ». Ici, c'est tout le contraire. A deux pattes ou à quatre, à plumes ou à poils, de dix grammes à plus d'une tonne, il y a le choix. Et tu peux même choisir la couleur. Un âne te paraît trop gris. Tu lui rajoutes du orange. Un dromadaire trop uni. Tu lui rajoutes des motifs. Eh oui, en Inde, tous les animaux ont le droit d'être beaux ! C'est qu’en plus d'être élégant, ils ont un deuxième point commun avec les Indiens... ils sont partout. Et quand je dis partout, c'est partout. Anes, vaches, chiens, on dirait que l'Etat construit des routes exprès pour eux. Singes, ruines et petites villes leur conviendront. Perruches, plus colorées que nos pigeons, abondent en ville comme en campagne. Chauves-souris, bien organisées en colonies, squattent les vieux temples, grottes et dessous de ponts pour les nocturnes et hantent les hautes branches de petits bosquets pour les diurnes. Ces dernières n'ont rien à voir avec les modèles réduits que l'on a en Suisse. En vol, elles font facilement 40 centimètres d'envergure et nichent en groupes de plusieurs centaines d'individus. Côté poids lourd, il y a le pachyderme. Il faut oublier pour le voir dans son vieil habit gris et froissé. Ici c'est motifs et couleurs, maquillage pour les femmes comme pour les hommes. Si l'on se baisse un peu, on trouve l'ennemi juré de l'éléphant... le rat. C'est d'ailleurs le premier à nous avoir accueillis en terre indienne, à Bombay. Et si l'on se baisse encore un peu plus, on trouve madame tarentule. Une fois en bas, une fois en haut, ça va vite puis ça ne bouge plus... mais c'est toujours là ! Ensuite, il y a ceux qui flirtent avec le mythe. Tout d'abord le black buck, gracieuse antilope aux cornes longues et fines. Véritable Formules 1 de la brousse du Gujarat. Deuxièmement, le nilgai, hybride entre la vache et le cheval qui rôde dans les hautes herbes de la région de Velavadar. J'aurais également pu vous parler du buffle d'eau, des aigrettes, des paons sauvages, des hérons, des cormorans, des faucons, des milans noirs, des petites et grandes chouettes diurnes, des guêpiers, des canards noirs, des grues migratrices, des chèvres, des tortues, des écureuils, des chats et des dizaines et dizaines d'oiseaux qui me sont inconnus. Si l'Inde est le pays du klaxon, des sacs plastique et du crachat, c'est aussi celui d'une nature des plus surprenantes qui a su s'adapter à ce primate que l'on nomme homo-mecanicusOF 07.01.13
















Gujarat


Remontage des vélos à Bombay
 
Dandi, là où Gandhi a terminé la marche du sel

Montée au temple de Champaner
 

Mosquée et temples indiens

Le tchai, plus qu'une tradition

A chacun ses bagages

Une nuit chez un gourou

C'était dans l'après-midi, lorsque les pédales semblent plus lourdes que d'habitude, qu'un homme à moto nous fait signe de stopper. On obtempère et nous nous apprêtons à répondre : « Switzerland », « Olivier et Aline », « Go to Nepal ». Mais rien de tout ça n'arrive. Ce motard-là, nous propose simplement de le suivre et d'aller boire un tchai dans sa maison. Quelques minutes plus tard, nous voilà donc confortablement installés dans des chaises de jardin, une sous-tasse de ce précieux breuvage à la main. Oui, au Gujarat, ils servent volontiers le tchai directement dans la sous-tasse. Nous ne sommes pas seuls. Quelques hommes partagent les mêmes sièges que nous alors que notre hôte, tout vêtu d'orange, trône sur un sofa de la même couleur que lui. C'est que ce dernier n'est pas n'importe qui. C'est un gourou hindou et sa maison est un ashram. Nous passerons tout l'après-midi en sa présence, assistant à la vie de ce lieu saint. On vivra le rituel que les fidèles exécutent lorsqu'ils arrivent ou partent de l'ashram. Cérémonial où ils touchent le pied du gourou de leur main et la porte à leur thorax. Cela donne l'impression qu'ils s'imprègnent de la « pureté » de leur maître spirituel. La simplicité de notre gourou Babou me laissera songeur : sourires et rires en permanence, sac à bonbons pour les enfants des fidèles, énorme plaisir à jouer avec son chien. Toujours à la recherche de faire plaisir et de rendre heureux. L'après-midi touchant à sa fin, notre gourou orangé nous propose de rester souper et dormir dans sa demeure. Nous ne pouvons refuser ; des pèlerins sont sur le point d'arriver et nous voulons en savoir plus sur ce lieu de vie. Dans l’attente du soir, nous nous prélassons sur de grands lits en cordage lorsque une trompe retentit. Il est l'heure de la cérémonie religieuse et le maître des lieux souffle dans un grand coquillage pour réunir ses fidèles. Ensuite, c'est une petite cloche qui prend le relais. Clochette qu’il l’agite tout en parcourant son ashram. Profitant de cette « balade », notre hôte encense toute sa demeure. Réserve à outils y compris. On observe et restons un peu en retrait du groupe. Une fois les lieux bénis, c'est au tour des fidèles de s'imprégner de cette fumée. A la suite de la bénédiction des fidèles, après une brève hésitation, le gourou s'approche de nous et nous propose de faire de même. Difficile de refuser dans de pareilles circonstances. Nous voilà donc sous la protection d'une multitude de divinités ou simplement sous celle de Brahmā. Le rituel se termine et l'heure du repas arrive. Nous mangeons avec les pèlerins qui engouffrent leur nourriture à une vitesse folle. Les pauvres diables, on dirait qu'ils n'ont pas mangé depuis une éternité. Nous restons donc seuls à terminer nos assiettes, sous les yeux attentifs d'une quinzaine de personnes. A la fin du repas, nous gagnons nos lits tout confort pour une nuit courte et un peu agitée. Le réveil s'effectuera un peu avant 6 heures du matin. Et dormant dans une salle commune, on aura droit aux ronflements du gourou, à d'énormes rots de je-ne-sais-qui et d’un ou deux cris de fidèles. Sans aucun jeu de mots, cela aura été une sacrée expérience. OF 31.12.12