En quelques mots, la fin de notre périple turc.
Pour rejoindre la mer Noire, un petit col à 2’200 mètres d’altitude, histoire
de détrôner le Simplon et ses 2’005 mètres. Alors que nous pensions trouver un
peu de clémence météorologique sur cette côte, nous plongeons dans une
fournaise humide. Une chape de plomb qui nous assiège en continu. De quoi ravir
à la chaleur du Sud la palme du pire climat. Nous arrivons à Trabzon avec un
brin d’appréhension au vu des démarches qui nous attendent. Les pièces du
puzzle s’imbriquent finalement comme par enchantement : un visa iranien
obtenu en quelques heures et un paquet envoyé de Suisse en poste restante récupéré
sans encombres. Il y a aussi la rencontre de deux francophones qui permet à
Olivier de déverser le trop-plein de paroles accumulé au fil des jours.
Nous dénichons également un hôtel bon marché où nous reposer et faire des
recherches sur Internet. Nous parcourons ensuite nos derniers kilomètres en
Turquie. Des gosses qui font exploser des objets non identifiés à la chaleur de
feux de joie sur la plage nous rappellent notre jour de fête nationale. Nous
visitons encore le monastère de Sümela, ensuite l’appel du changement nous
pousse à aligner les kilomètres jusqu’à la frontière. Une douane turque confinée
entre mer et montagne qui n’a d’autre choix que de faire attendre les
poids-lourds jusqu'à l'intérieur du tunnel qui la jouxte. Une douane géorgienne
digne d’un aéroport où notre simple passeport suffit au traditionnel « Welcome in Georgia
! » Nous quittons un
pays qui nous est désormais familier pour entrer dans un autre où tout est à
apprendre.
Les premiers pas sur sol géorgien nous le confirment :
la Turquie est bel et bien derrière. Les femmes sont habillées de tout et
surtout de rien, mes shorts se fondent à nouveau dans le paysage vestimentaire,
les hommes font reposer leurs T-shirts sur leurs ventres bien ronds, il y a de
jolis « dessins » sur les panneaux routiers et des vaches autonomes
qui se pavanent au bord des routes. Une nuit, une masse non identifiée heurte
violemment notre tente. Puis le bruit d’une respiration
rauque juste à côté de nous. Olivier de chuchoter « J’espère que
c’est pas ce que je pense ! »
sous-entendu un ours, puisqu'il y en a dans la région. Puis le calme
revient. Au matin - qui s’est fait désirer-, l’analyse de l’environnement sablonneux
raconte l’histoire d’une vache qui s’est prise méchamment les pattes dans les
fils de notre tente, s’est arrêtée le temps de reprendre ses esprits avant de
rebrousser chemin.
Dès les premiers jours, les Géorgiens nous démontrent
que l’hospitalité est toujours présente. Seule différence d’avec la Turquie, le
çay
est remplacé par du vin, de la bière ou de la vodka, servis dans des verres
sans fond. Deux jours dans le parc national du Mtirala nous font rapidement
comprendre qu’il nous faut quitter ce climat tropical humide. Certes, ce coin
de pays est sublime : foisonnement de végétation, herbe à
profusion. Où que l’on pose notre regard, tout est vert. Mais comment
l’apprécier lorsque l’on sue à torrent, que le souffle devient lourd, que l’énergie
et le dynamisme nous manquent, que toutes nos affaires deviennent
humides ? A tel point que nous avons même imaginé prendre un transport
pour en sortir. D’autant plus que nos habits deviennent sacrément sales, tout
comme nous d’ailleurs, et aucun camping à l’horizon. Mais comme à chaque fois,
tout vient à point à qui sait faire confiance en l’avenir. Au fil des kilomètres,
la végétation s’appauvrit et le taux d’humidité descend de ses 85 pour-cent, même
s’il continue à pleuvoir tous les soirs. Après Khashuri, nous nous arrêtons
dans la dernière échoppe du village d’Agara pour nous approvisionner. Un tout
petit magasin tenu par une famille qui nous invite à boire un café. Nous
resterons finalement trois jours dans cette famille de trois générations qui
nous aurait gardés tout le temps de notre voyage.
Les filles de nos hôtes, Tika et Tatia, respectivement neuf et treize ans, nous servent de guides et nous font découvrir les alentours. Nous passerons une journée de dur labeur dans le champ du père à ramasser les patates avec les femmes et les hommes du village. Et puis il y a aussi tous ces repas sans fin, ces verres jamais vides, partagés avec les hommes… et parfois avec les femmes. Trois jours où nous découvrons la vie, les habitudes et les traditions d’ici. Moment fort pour Olivier qui partage avec le grand-papa ses souvenirs de guerre. Echange qui se fait autour de photos et de regards ; la parole du grand-père est restée sur un champ de bataille. Trois jours qui suffisent à rendre le départ émouvant. D’autant plus difficile au vu des courbatures « post-patates ». Mais l’appel de la route est bien là. Après plusieurs changements de plans, nous décidons de nous arrêter à Tbilissi le temps du visa arménien. A l’ambassade, une femme sourit gentiment en voyant nos passeports rouges à croix blanche et nous dit : « Mais vous pouvez l’obtenir au poste frontière, c’est bien plus facile ! » Comme il est bon d’être Suisse…
Depuis quelques jours déjà, selon l’OMT (Organisation Mondiale du Tourisme), nous ne sommes officiellement plus des touristes, le cap des quatre mois de voyage ayant été franchi ! AG 16.08.12
La chance continue à vous sourire on dirait :)
RépondreSupprimerJe vous plein pour l'humidité par contre!!!!
Sophie aimerait allez au Vietnam l'année prochaine ou la suivante... je crains un peu le pire en ce qui me concerne, moi et l'humidité....
Hé frangin! Sacré tignasse!
Tu pourras faire un duvet souvenir à ton retour!!! :)
Bonne route!