Cela fait maintenant vingt jours que nous circulons sur
les routes chinoises. Vingt jours que nous empruntons cette route mythique,
aujourd'hui recouverte d'asphalte. Si cette grande ligne noire a eu ses heures
de gloire, à ce jour, elle revêt le manteau de la solitude. Habit qu'elle
partage allègrement avec nous. Chaque jour se ressemble, le décor ne changeant
que peu. Ce sont d'infimes différences qui nous permettent de ne pas confondre
aujourd'hui avec hier, hier avec demain. L'eau se fait rare mais là où vivent
les quelques hommes de ces régions, elle nous est offerte. Ils puisent cette
denrée dans de grands bacs en plastique à moitié vides. Nous n'osons en
demander trop. Ce qu'on emporte
sur nos vélos manquera peut-être ici. Nous ne nous lavons plus. Nul ne
sait de quoi demain sera fait. Nos mains se ternissent et se dessèchent. Tannées
par ce soleil qui brûle ou recouvertes d'une
crasse qui s'accumule ? Nous ne le savons plus. Les discussions se font
rares, le vent emportant la plupart de nos mots. Il ne nous reste donc plus qu'à
plonger au fin fond de nous-mêmes. Attaquer cette liste de questions vieilles
de plus de trente ans et chercher des réponses. Mais les questions sont souvent
floues, effacées par l'usure du temps, par nos propres mensonges. Creuser,
jusqu'à plus force et ne plus savoir si le vent souffle à l'intérieur ou à
l'extérieur. Vingt jours de parcours lorsqu'il faudrait une vie pour se découvrir. OF 22.05.13
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