Voyez Disneyland, prenez-y la faune familiale enjouée, les attractions
kitsch et faussement authentiques, les glaces et les prix touristiques et
plantez tout ceci dans un décor de grandes dunes de sable. C'est cela Dunhuang.
Puis voyez les grottes de Lascaux, prenez-y le trésor historique, le souci aigu
de conservation, le témoignage d'un temps de notre histoire - celle de l'Homme
- et posez-les dans les grottes tao-bouddhiques de Mogao. C'est aussi cela
Dunhuang. Ou encore, le temps d'un plat de nouilles partagé entre Français,
Israéliens et Suisses.
Ensuite, c'est le retour dans le désert. Le vrai, celui où il n'y a
rien, où il fait chaud, où la soif se fait bourreau et l'ombre salvatrice. Une
route, une voie de chemin de fer et une colonie de pylônes électriques. Nos vélos
sont lourds. Celui d'Olivier doit atteindre les 80 kilos, noodle soups, biscuits et réserve
d'eau obligent.
Puis c'est le retour sur notre S312, notre fil conducteur qui nous ramène
sur le droit chemin, celui qui mène à l'est. Ainsi nous arrivons à Jiayuguan,
ville étape tant culturelle qu'administrative. Mais avant tout plaisir, la démarche
que nous redoutons à chaque nouvelle ville : trouver un logement. En Chine
aussi, la catégorie bas budget n'est pas ouverte aux étrangers. C'est bien
connu, vous autres occidentaux, vous avez les moyens de vous payer le luxe !
Alors nous trouvons un petit luxe, qui rentre malgré tout dans notre budget. Et
comble de bonheur, notre hôtel est situé juste à côté du marché où stands de
nouilles, étals de légumes, de viande ou de tofu et boulangeries nous ouvrent
leurs portes sans distinction. Quoique. Si nous avons droit à tant de sourires
et d'enthousiasme de la part des commerçants, c'est peut-être grâce à nos
frimousses d'européens et à notre chinois hésitant. A Jiayuguan, nous faisons
connaissance avec celle qui a souvent été imaginée comme un rêve lointain : la
Grande Muraille. La ville en abrite la dernière forteresse. On nous l'avait
bien dit et nous le confirmons : les Chinois accordent une importance zélée à
la rénovation de leur patrimoine. Rénovation et non pas restauration. Du neuf
fait sur de l'ancien. Pour nous, une perte d'authenticité, l'abandon du
mystique au profit du clinquant. La muraille ici est faite de « torchis »
; on est loin de ce fameux serpent de pierre ondulant en pleine végétation !
Voilà pour le côté vie quotidienne et culturelle. Venons-en à l'administratif.
La démarche du renouvellement de nos visas est bien plus simple et rapide
qu'imaginée. Une femme charmante parlant un peu l'anglais a pris tout cela en
main et le jour suivant, nos nouveaux visas d'un mois étaient apposés dans nos
passeports. Par contre, nous apprenons que nous n'aurons droit qu'à un seul
renouvellement supplémentaire, soit trois mois au total en Chine. Depuis
quelques jours déjà, nous ne cessons de réfléchir à la suite de notre itinéraire.
Cette nouvelle ne vient qu'apporter de l'eau au moulin. Ou disons plutôt
qu'elle tarit l'une de nos envies, celle de remonter au nord de la Chine dans
la Mongolie-intérieure. Toutes ces pensées, envies, enthousiasmes déçus,
interrogations et doutes nous amènent à une évidence : nous devons
accepter notre condition de cyclo-voyageur et, par ce fait, renoncer à franchir
toutes les portes qui s'ouvrent à nous. Se dire qu'il n'y a ni juste ni faux,
ni bon ni mauvais itinéraire. Juste un chemin, celui que nous emprunterons, le
long duquel profiter pleinement du bon et laisser passer le mauvais. A mettre
en pratique.
Après quatre jours de « pause », nous reprenons la route.
C'est au tour du vélo d’Olivier de nous crier sa fatigue. D'abord doucement,
puis de vive voix. Impossible de faire plus de 50 km. avec une chambre à
air : la valve se cisaille mystérieusement. Puis le moyeu arrière se
manifeste bruyamment. Les 150 km. qui nous séparent de la ville suivante se
font avec l'angoisse de ne pas y parvenir. Heureusement, sans trop de difficultés,
nous y trouvons un magasin de vélos. Changement du roulement à billes,
resserrement des axes, changement des caissettes et de la chaîne (matériel que
nous transportions depuis l'Inde). Tout a l'air en ordre. Olivier va tester son
vélo et rentre à l'hôtel insatisfait : la chaîne n'atteint pas tous les
plateaux. Il est 14 heures lorsqu'il s'attaque au problème. A 23 heures, il
n'est toujours pas résolu. Impossible de repartir le lendemain. Nuit courte et
sans repos. A 7 heures, le travail reprend. A 9 heures, ça y est, tout semble être
rentré dans l'ordre ! Mais pourquoi, me direz-vous, ne sommes-nous pas retournés
au magasin de vélo demander de l'aide !? A dire vrai, lorsque nous y sommes allés
une seconde fois pour dire au gérant que la chaîne installée par ses soins était
trop longue, il a demandé à Olivier de quelle longueur il fallait la couper...
Nous avons donc limité les frais.
Le jour suivant, le moral reprend de l'altitude au fil des kilomètres.
Le vélo se porte à merveille. Le système de propulsion ronronne silencieusement
et la roue arrière se tient tranquille. Mais les vélos ne sont pas les seuls à
accuser la fatigue des nombreux kilomètres parcourus. Il y a nos pantalons qui
changent de couleur au fur et à mesure que les tacons viennent s'ajouter sur le
tissu devenu trop fin. Il y a aussi le matelas de sol d'Olivier qui est
maintenant difforme et oblige son utilisateur (moi en l'occurrence) à faire
preuve d'imagination en termes d'adaptation du positionnement. Et puis, les
fermetures des sacoches qui lâchent, la vaisselle qui se déglingue, la
fermeture éclair de la tente qui ne fonctionne définitivement plus...
Après la séquence matériel, passons à la rubrique animalière. Ames
sensibles s'abstenir ! C'est l'histoire de bébés tortues de Californie,
rencontrées dans un supermarché, exposées dans un aquarium au même titre que
les poissons frais, les canards laqués et les poulets grillés. Puis c'est
l'histoire d'un berger, en contre-bas de l'autoroute que nous empruntions qui
nous a démontré en live que la zoophilie n'est pas un mythe. Mais
quelles surprises nous réserve donc la Chine !!!
Nous voilà maintenant à Wuwei où nous nous sommes arrêtés pour des
besoins technologiques cette fois, Internet. Nos pauses en ville nous
permettent de découvrir une facette de la Chine que la route et le camping
sauvage ne peuvent nous offrir. Alors, nous en profitons avec plaisir et
curiosité. AG 05.06.13
Hey hey hey les amis !!!
RépondreSupprimerBon je vois que ça pédalé toujours pour notre plus grande joie de pouvoir également lire vos péripéties
Qui nous rappel que nous ne sommes pas seul à connaître embûches et désillusions, bonheurs et rencontres magiques tout au long de notre parcours !! ( en se qui concerne la zoophilie, la, on vous laisse en revanche l exclusivité!!!)
Non c est chouette de voir que de votre côté tout avance pour le mieux, que les problèmes de visas et de vélo sont rentrés dans l ordre. Quand est il de la suite de votre parcours ?? J ai oui dire la Corée du sud ??
Bon sur ce je vous laisse
À bientôt
Biz
Picard
plein de pensées...
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