Voilà vingt-deux
jours que nous avons quitté Salta. Malgré les quelques 1’200 km. parcourus, il
m’est difficile de prendre la plume, car en toute honnêteté, je ne sais que
trop raconter. Je pourrais vous parler de la route mais cela se résumerait en
deux mots : plate et rectiligne. Alors le décor ? Vignes et savane asséchée. Et
la gastronomie ! Rien d’exotique. Les habits ? L’architecture ? Les coutumes ?
Je cherche l’essence même de ce pays, son identité, son histoire, ses racines,
ses spécificités... mais en vain. Serait-ce nous qui nous sommes tant habitués
aux différences ? Hier, un Argentin m’a posé cette question : « De quoi te
souviendras-tu de mon pays ? » Silence. Je ne sais que répondre. Pour ne
pas embarrasser notre hôte, je trouve la seule réponse qui me paraît honnête :
les rencontres. Rencontres bonnes et mauvaises.
Inutile de revenir
sur notre agression, si ce n’est sur la générosité de la municipalité de Moldes
qui nous a offert une nouvelle tente. Quelques jours après ces événements, nous
faisons la connaissance de Jason et Thérèse, un couple franco-suédois également
à vélo. Durant onze jours nous roulons ensemble et partageons un bout de
voyage. A quatre, la route paraît un peu moins plate, un peu moins monotone
et le vent de face un peu moins fort. A Santa Maria, nous rencontrons
Baudilio et sa famille et découvrons l’art du maté argentin : une petite
calebasse commune où l’hôte verse de l’eau bouillante sur des herbes séchées. Breuvage
que l’on boit avec une paille métallique. La tasse passe de main en main, la
paille de bouche en bouche, la bonne humeur de coeur en coeur.
Jason est cuisinier,
Thérèse a été chocolatière... autant dire que la nourriture est au coeur de
notre quotidien. Tant et si bien qu’elle nous cloue deux jours durant à Sañogasta
: voilà les hommes au lit avec une intoxication alimentaire carabinée, après un
magnifique barbecue. Les femmes s’affairent : dénicher une petite maison de
campagne plus confortable que le camping bondé, préparer du thé, cuire le riz,
enlever les bulles du coca, masser les muscles endoloris, cuisiner les abricots
du jardin attenant...
La chaleur nous a
rattrapés et la seule solution pour y faire face est de s'y adapter. Nous nous
levons avant 6 heures et nous nous accordons une pause aux heures chaudes. Par
contre, difficile de s'adapter au vent de face omniprésent. Nous fêtons nos
vingt mois de voyage en tête à tête, autour d'une « fondue chinoise sur réchaud ».
Le temps d'une nuit, nous sommes les heureux propriétaires d'une petite villa
au sein du camping des officiers de la police de Rawson, près de San Juan.
A Mendoza, le
hasard place Hector sur notre route. Lui, sa femme et ses deux filles nous
ouvrent grand leur porte, nous hébergent deux nuits et nous immergent dans le
quotidien d'une famille argentine. Dans cette ville-carrefour, nous retrouvons également
une autre famille, celle des cyclo-voyageurs. Pareils à des amis de longue
date, nous nous retrouvons avec plaisir et enthousiasme. Mendoza, c'est aussi
le lieu du doute : allons-nous continuer sur la route nationale 40 en Argentine
ou traverser une fois encore la cordillère et rejoindre le Chili ? AG 09.12.13
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire