Il est temps pour moi de m'arrêter
quelques instants sur le sujet de la nourriture et de vous en offrir quelques
miettes. Ma malice ne me poussera pas jusqu'à vous décrire les mille et une
recettes succulentes que j'ai goûtées jusqu'à ce jour. La cuisine exotique, vous connaissez sûrement, peut se révéler
excellente, surprenante et même parfois déconcertante…
Une sauce indienne piment-citron, un nun iranien fourré aux fines
herbes, ou simplement un çay turc à l'ombre d'un arbre...
Non, l'angle sous lequel je désire
aborder ce sujet est celui du savoir-vivre à table. Si, comme moi, vous avez reçu
une éducation, on vous aura assurément inculqué les « lois de la
table ».
- Tu respecteras ce qu'ont préparé ton
père et ta mère
- Tu ne tueras point sans apprêter par
la suite
- Tu ne convoiteras pas l'assiette de
ton voisin…
Si mes souvenirs sont bons, c'est à
peu près ça. Enfin, si je ne confonds pas un peu avec les tables de la loi.
Bref, tout ça pour dire que la table, par
les routes et pistes que nous arpentons, est loin d'être comme-à-la-maison. Il
y a tout d'abord ces aliments surabondants dans nos assiettes. Régions où la diététique
ne doit pas être à l'ordre du jour. On trouve donc en tête de liste le sucre et
l'huile. Allez trouver une bouteille d'huile de 10 litres ou des sacs de sucre
de 5 kilos dans nos magasins au logo orangé ! En Turquie, rien de plus
facile. Des rayons entiers leur sont consacrés, vu qu'on les consomme aux trois
repas du jour. Et qui dit sucre dit enfants ! C'est en Iran qu'ils détiennent
la palme. Là-bas, on peut y voir quantité de bouts de chou boire leur thé
accompagné de cinq voire six morceaux de sucre. La tradition voulant que l'on dépose
le sucre dans sa bouche puis qu'on le « nettoie » avec l’infusion. Il
n'y a pas à dire, ce n'est peut-être pas recommandé par les dentistes mais
c'est vraiment bon ! Si manger relève parfois de l'art dans nos contrées, j'ai
pu constater que dans bien des pays, les habitants en sont apparemment restés
aux peintures troglodytiques. Une main pour l'assiette, une autre pour la cuillère
et hop, que je t'enfourne le repas vitesse grand « V ». Et que ça
tombe par terre et que ça coule sur les habits... rien de dérangeant pour nos hôtes.
Le plus comique, à n'en pas douter, reste le rot ou le pet des « anciens »
à table. Difficile pour moi de ne pas esquisser un sourire dans ces moments. Si
toutes ces choses, je me les imaginais un peu avant mon départ, ce qui par
contre m'a surpris est le temps que les gens passent à table. Si vous, comme
moi, recevons à la maison, le repas prendra facilement une à deux heures. Et là,
je ne parle pas des périodes de fêtes. Derrière bien des portes que l'on nous a
aimablement ouvertes, le repas semble relever plus d'une tâche que d'un
plaisir. Par exemple, lors d'un mariage iranien, le repas a duré quarante-cinq
minutes montre en main. En Iran toujours, le repas lié à la fête de Eid-E Ghorban
- fête commémorative du sacrifice d'Abraham - que l'on a pris dans une famille
d'éleveurs, s'est déroulé en seulement trente minutes. En Inde, à plusieurs
reprises, alors que l'on mangeait dans de petits restaurants de bord de route,
on nous a desservis avant que l'on ait fini nos assiettes et l'on nous a balancé
la note alors que l'on mangeait encore. Difficile de comprendre ces attitudes
lorsque l'on voit la richesse culinaire des pays que l'on traverse et que l'on
sait que manger n'est pas forcément un acquis pour tous. OF 11.02.13
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire