Cela aurait pu être le titre d'une chanson de la Mano
Negra. Une de ces musiques colorées, écrites sur un paquet de cigarettes éventré.
Papier taché de Pisco et sentant le tabac local. Cela commencerait sur un
continent lointain, un homme et une femme comme mille autres, enfin presque...
Eux, ils sont à la recherche d'on ne sait trop quoi et l'on ne sait trop
pourquoi. Un jour, ils embarquent sur un navire et traversent le Pacifique.
L’océan est bleu, l'eau clémente. Profitant d'un soleil radieux, ils débarquent
à Panama et visitent les écluses de ce canal mythique. La soirée, ils la
passent en bonne compagnie, sur une terrasse d'un troquet. Ils savourent la fraîcheur
du soir, libératrice et ressourçante. De retour à bord, ils vivent du moment présent,
de ces petites choses qui font la vie. Là on leur explique qu'il y a un problème.
Qu'ils sont dorénavant considérés comme clandestins par les autorités locales.
Pourquoi ? Une erreur sur un document. Un 0 a été mis à
la place d'un 2. Le bateau ne compte officiellement plus de passager. Bonne
nuit, l'obscurité apportera peut-être des solutions. Après quelques tours de
passe-passe, la situation s'arrange. Ils retrouvent le droit chemin. Ils sont à
nouveau considérés comme d'honnêtes citoyens. Honnêtes ? Mais non,
personne ne l'est dans ce bas monde ! La présomption d'innocence n'étant
qu'un leurre pour amadouer les foules, pour les faire marcher dans le sens qui
est le « bon ». Ça, ils le découvriront dans les jours qui suivent. Débarquement
à Callao, port commercialo-militaire de Lima. Il faut faire les visas. Un peu
de paperasse en échange du sésame qui leur ouvrira les portes du pays. Un homme
est là pour les aider. Ils montent dans une voiture et se retrouvent, quelques
minutes plus tard, dans la prison de la ville. Ils ne sont pas là pour y
moisir, mais pour utiliser l'ordinateur censé confirmer leurs identités. Échec,
la machine ne peut se connecter. A quoi, ils ne le savent pas. Départ pour le
central, le poste de police principal de la capitale. On leur dira : « No esta funcionando ! » Troisième et dernière chance : l'aéroport. La réponse,
ils n'ont pas besoin de l'entendre, ils la lisent sur les visages. Le Pérou,
c'est pas pour eux. Rembarquant sur leur bateau, ils comprennent ce à quoi les
ordinateurs ne pouvaient se connecter : aux dossiers d'Interpol. Ne pouvant
prouver qu'ils étaient innocents, ils deviennent coupables. Et des coupables,
personne n'en veut. La chanson pourrait s'arrêter là, peignant un monde noir
fait d'injustices où les faibles n'ont qu'à subir. Mais nos deux amoureux l'ont
compris. Lutter contre le passé ne le change pas et l'avenir sera riche pour
ceux qui vivent pleinement le présent. OF
19.09.13
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