Addiction
est assurément le mot qui définit le mieux la relation que j'entretenais avec
ce monde. Sevrage est peut-être le second nom que je peux donner à notre
voyage. Quoique... Je ne sais plus trop quand tout cela a commencé. Peut-être
ce jour où, jeune officier, je me suis retrouvé aux portes de l'Italie.
Personne n'y croyait vraiment et notre chef subissait les railleries de ses
pairs. Mais jour après jour, disputant des batailles où le nombre n'était pas à
notre avantage, nous avancions. Quelle leçon, pour moi, d'observer ce jeune
Corse si ambitieux ! Quelle maîtrise du terrain avait cet homme,
qu'aujourd'hui nous connaissons tous sous le nom de Napoléon Bonaparte !
Mon expérience ne se limite naturellement pas aux guerres napoléoniennes où je
suis rapidement devenu général de plusieurs milliers de miliciens, fantassins
et hussards. Plus récemment, j'ai été commandant de troupes d'élite, utilisant
des armes high-tech. Des innovations technologiques que seules la peur
et la guerre peuvent faire naître. C'était dans ces années fastes où notre
terre était recouverte de ce minéral que l’on appelait tiberium, ces mêmes années
où certains scientifiques pessimistes voyaient notre belle planète bleue vivre
ses derniers instants. Grand commandant des forces du GDI, j'ai repoussé à la
force de la poudre ces infâmes partisans du Nod et éradiqué le fléau vert. Pour
cela, il me fallut remporter des batailles aux noms tels que « Soleil de
Tiberium », « Mission Taïga », ou simplement « la Guerre du
Tiberium ». Ce sont des dizaines de milliers de mes hommes que je vis périr
dans ces violents assauts : réduits en cendre par une aviation impitoyable
ou simplement disparaissant sous les chenilles de chars d'assaut aux dimensions
incommensurables. Aujourd'hui, je pleure encore ces frères d'armes restés sur
le champ de bataille. Ces hommes qui n'ont pu humer à nouveau le parfum de la
liberté. 39-45, deux dates qui ont fait du jeune soldat que j'étais, l'homme
que je suis. Une odeur de vomi, de fiente et d'urine envahit la barque dans
laquelle j'ai été parqué avec mon unité. Deux cents mètres est la distance
qu'il nous fallait parcourir sur cette plage au nom libérateur pour certains et
d'horreur pour nous : Utha Beach. Plus de 8 heures d'une pluie d'acier où
nous stagnerons, où la mort semblait être notre seule porte de sortie. « J
day » n'aura rien à envier à cette fameuse journée où l'on m'a parachuté
au-dessus de la Belgique. Opération « Market Garden » ; si la débâcle
a un nom, c'est assurément celui-là. Mais l'honneur et la loyauté ne sont pas
mes seuls atouts. Ayant déposé les armes, je me suis rapidement lancé en
politique. Une petite ville au nom peu commun m'élira maire. Talentueux et
visionnaire, je transforme cette terre inféconde en une véritable mégapole.
L'urbanisme était devenu ma passion et le bien-être de mes concitoyens une
priorité absolue. La gestion et les affaires m'ont également mené à la tête
d'entreprises internationales où, cherchant
le profit maximal, j'opérais à tous les niveaux. Collecte des matières premières,
raffinage, usinage et assemblage étaient la base de mon empire commercial.
Conditionnement, logistique et vente, un délice nommé dollars. Mais sot serait
celui qui souhaite l'argent sans le pouvoir. C'est donc en maître du monde que
j'atteins mon apogée. Diplomatie, commerce et guerre, le trio gagnant pour régner
non pas sur un peuple, mais sur une civilisation.
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