Le vent souffle et siffle
à nos oreilles. Pas de doute, nous sommes bien en haut d'un col. Paso Abra
Blanca, 4080 mètres d’altitude indique le panneau bardé d'autocollants en tous
genres. Ce col est comme tant d'autres : désert, sec et venteux. Mais ce
dernier ne nous laisse pas indifférents. Il marque pour nous la fin de la
cordillère, de cet altiplano qui nous a joué bien des tours, rendant ses
paysages encore plus beaux par la difficulté de leur accès. L'allié qui nous
aidait encore hier a retourné sa veste. Ami infidèle, aurait dû l'appeler les
Hommes. Satané vent ! Tu transformes ce délicieux rêve, cette merveilleuse
descente en un nouvel effort. 2880 mètres de dénivelé négatif sur un peu moins
de 130 km. Une série de descentes, de faux-plats-descentes et de plats, qui
auraient dû se consommer sans modération. Tu parles, on pédale en descente pour
atteindre un médiocre 17 km/h. Cela nous donne plus de temps pour admirer le
paysage ! Nous quittons donc les hauteurs vers les 15h30, après une bonne
tasse de thé chaud et notre ultime bout de chocolat. Il fait froid. Aline est équipée
comme pour attaquer le Pôle Sud. Et mon envie de me lancer dans cette folle
descente est gigantesque. Rapidement, la pampa nous fait ses adieux. Finis les
vigognes sauvages, les troupeaux de lamas et d'alpagas. Bonjour les moutons,
les ânes, les vaches, les chevaux et les moucherons. La première végétation
digne de ce nom que l'on retrouve, est le cactus. D'immenses spécimens, à la « western
spaghetti ». Il ne manque plus que la musique d'Ennio Morricone pour
oublier que c'est en Argentine que nous roulons. Ces cylindres aux piquants acérés
nous accompagneront tout au long de la descente, cédant de temps à autre un peu
de place à une végétation plus verdoyante. Tout d'abord de l'herbe, puis des
arbres. On s'arrête. Une véritable explosion de beauté. Après l'image vient le
son. Le gazouillis des oiseaux nous comble de bonheur. On ne sait trop quand on
l’a entendu pour la dernière fois. Chante petit être ! Réchauffe-nous le
coeur, on en a bien besoin. Plus nous descendons, plus elle monte. C'est
naturellement de la chaleur dont je vous parle. Si hier encore, c'est le soleil
que l'on attendait, aujourd'hui, c'est l'ombre qui nous fait de l'oeil. Au fil
des kilomètres, c'est également la civilisation qui reprend ses droits. Une
route asphaltée, des panneaux de signalisation routière, des panneaux qui
informent qu'il ne faut pas détruire les panneaux de signalisation routière !
Les villages se repeuplent et le rire des enfants se fait entendre à nouveau. Là
où il y a des hommes, il y a des clôtures. Nous savons qu'en plaine, il sera
plus difficile de trouver des places de bivouac. Voilà déjà quatre jours que
nous roulons en Argentine, quatre jours que nous nous questionnons sur ce que
sera cette aventure au pays du soleil. Quatre jours que nous cherchons à savoir
quelle heure il est réellement dans ce dernier pays d'Amérique latine.
OF 12.11.13
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