L'Argentine sous la loupe

Idée saugrenue que de vouloir mettre un tel pays sous une loupe ! Ceci pour deux raisons, plus logiques l'une que l'autre. Premièrement, il en faudrait une gigantesque vu la taille de cet état. Deuxièmement, avec le soleil qui y règne, il y aurait forcément à un moment ou à un autre un début d'incendie. Bref, ce pays est un peu comme la Suisse, tout en étant totalement différent. Explications.

Nourriture : Difficile de faire ses courses en Argentine. Non pas qu'on n'y trouve rien, bien au contraire. Mais ici, l'échelle des valeurs marchandises est totalement « faussée ». On s'était déjà faits à l'idée, dans d'autres pays, que les légumes en conserves coûtaient cinq à dix fois plus cher que les frais. Mais là, on dépasse l'entendement. En Suisse, la viande est un produit de luxe qui surpasse grand nombre d'autres produits alimentairs au niveau du prix. On s'habitue donc à ce fait et il est parfaitement normal de payer un kilo de sucre trente à quarante fois moins cher qu’ un kilo de bœuf. Ic
i, c'est tout le contraire. Et c'est bien ça qui nous déstabilise. Vous avez un kilo d’ossobuco pour moins de deux francs suisses et le cornet de glace vanille-chocolat au même prix. On a donc l'impression qu'ils nous vendent des glaces à trente francs l'unité. Pour les sodas, je ne vous en parle même pas. En Argentine, mieux vaut cultiver de la betterave à sucre qu'élever des bovins. Notre raisonnement peut, peut-être, vous paraître difficile à comprendre. Mais voilà, nous qui avions comme référence budgétaire internationale la viande, nous sommes ici à côté de la plaque. Ce qui n’est, fort heureusement, pas un si grand problème, dans ces régions où l'on cuit tout au barbecue. 

Camping : Je vous fais grâce de la définition européenne de ce mot. Mais ne voyagez pas en Argentine avec cette dernière comme référence. Ici, le camping a autant de définitions que vous portez de culottes par semaine. Je dis vous, et non pas je, vous comprenez sûrement pourquoi ! Soit, il y  a le camping traditionnel. Tu paies et tu peux dormir. Il y a le camping où tu paies, mais où tu ne peux pas dormir. Ce sont généralement des endroits haut de gamme où l'on peut louer un emplacement de pic-nic pour y faire de gigantesques barbecues en famille. Il y a les campings municipaux. Tu paies ou non, et tu peux « barbecueter » à volonté. Tu peux généralement essayer d'y dormir, mais vu l'amour que les Argentins ont pour la musique, tu n'y arriveras généralement pas. Il y a les places de barbecue que les locaux appellent camping, mais qui sont loin d'en être. Tu t'y retrouves seul les soirs de semaine et tu espères le rester. Il y a les campings qui se prennent pour des hôtels, vu les prix qu'ils affichent. Et pour finir, il y a les « campings » où l'on prend ta tente pour un barbecue géant et où l'on te frappe histoire d'attendrir ta viande. Enfin, ça c'est une autre histoire...

Parc automobile : Vous êtes fans de vieilles voitures françaises ou américaines ? Il ne faut donc plus hésiter sur votre prochaine destination de vacances. L'Argentine est un véritable musée à ciel ouvert. Les adeptes de 4x4 flambants neufs y trouveront également leur compte. Mais revenons aux vieilles. Pour certaines, impossible de savoir quelle était la couleur d'origine. La carrosserie étant recouverte entièrement de peinture antirouille. Certains modèles, tellement vieux, me sont totallement inconnus. Des premiers pick-up Ford aux Renault des années soixantes, il n'y a pas un jour où les limites du raisonnable (mécaniquement parlant) ne sont pas repoussées
,.

Blue monnaie : Blue monnaie, cela aurait pu être le titre d'un tango de Buenos Aires. Il n’en est rien. Blue monnaie est le nom de l'argent qui s'échange dans les rues. Ce qu'il faut savoir, c'est que l'Argentine est un pays économiquement instable. Un pays qui s'effondre environ tous les quatre ans selon une source locale. Pour stabiliser sa monnaie, l'état a décidé que un dollar américain serait égal à six pesos argentins et demi, point final. Naturellement, les autres pays (USA, Chine, pays d’Europe...) ne voient pas la question sous le même angle. De leur point de vue, ils évaluent la monnaie argentine de la même façon que toutes les monnaies du monde. A ce jour, elle est estimée à bien moins de six pesos et demi par dollar et à plus rien du tout lors des crises économiques argentines. Les Argentins cherchent donc à acheter des valeurs fortes (dollars et euros) pour les stocker à la maison. Mais c'est là que le bas blesse. Les banques d'Argentine ne sont pas autorisées à vendre de l'argent étranger. Suite à cette loi, un marché parallèle s'est créé et la blue monnaie est née. N'allez pas croire que se sont d'autres billets. Non, c'est simplement de l'argent ordinaire que l'on peut acheter à un meilleur taux. Lors de notre voyage, un dollar pouvait s'échanger contre environ neuf pesos et demi. Le calcul est donc simple. Si vous changez votre argent dans la rue, ce qui n'est pas légal, vous obtenez un pouvoir d'achat environ trent pour cent supérieur que si vous passez dans une banque. Le plus drôle dans tout ça, c'est que le change se fait à même les parcs et les places touristiques. Lieux très fréquentés par la police locale, qui apparemment ferme les yeux. De plus, vous trouvez sur internet un site parlant du taux « officiel » de la blue monnaie. Alors bingo, y a plus qu'à trouver un lieu de vente et négocier la moindre... et c'est le jack pot !

Recyclage: La bienveillante
créatrice de soda du nouveau monde peut se targuer d'utiliser des matériaux cent pour cent recyclable pour l'emballage de ses boissons. Mais c'est fort peu utile dans un pays qui ne pratique pas le recyclage ! De la selle de mon vélo, jamais je n'ai vu ne serait-ce qu'une poubelle collectant un matériau réutilisable. D'accord, dans les supermercados on effleure le concept écologique, mais ça suinte un peut trop le « pousser à la consommation », à mon avis. 

- Bonjours Monsieur, je viens vous rendre les deux bouteilles de bière que je vous ai achetées hier. Pourrais-je avoir l'argent de la consigne en retour s'il vous plaît ?
- Désolé Monsieur, je ne peux vous rendre l'argent. Mais si vous prenez deux nouvelles bières, vous ne payerez pas les nouvelles consignes.
- Tu rigoles Coco. Là, tu me prends pour un imbécile d'outre-Atlantique. Tu veux te mettre ma consigne dans la poche !
- Non Monsieur, c'est le règlement du magasin et c'est le même dans les autres grandes chaînes du pays.
- Arnaque ! Tu vas voir où je vais t'les foutre, ces bouteilles...
- Aaaaaah non, c'est beaucoup trop gros ! Arrêtez, ça ne va jamais pouvoir entrer ! C'est dans les cageots rouges qu'il faut les mettre. Pas dans les jaunes... 
OF 07.01.2014


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire