Voilà déjà trois
jours que je végète dans une petite guest-house
d'une ville que l'on ne trouve même pas sur ma carte. Je végète tôt le matin et
je végète à rien faire de mes journées. Pas étonnant dans un pays où les
restaurants annoncent fièrement qu'ils sont veg (végétariens) ou pur veg. La
différence ? Les oeufs. Si je végète avec une telle endurance, le mérite ne me
revient pas. Pas entièrement du moins. C'est en grande partie « grâce »
à des hôtes peu recommandables. Comme une chambre à air « chatouillée »
par un clou, je suis à plat. Et là, il n'y a pas vraiment de rustines appropriées.
Je vous passe les détails mais profite de tirer mon chapeau à mon infirmière à
domicile. Si mon corps est toujours hors service, ma tête a rapidement repris
le dessus. Difficile de la mettre en stand-by,
alors mieux vaut la guider, l'aider à trouver des repères dans ce pays qui me
paraît incompréhensible, indéchiffrable. J'analyse mon environnement, échafaude
des hypothèses qui s'effondrent les unes après les autres. Mais quelle est la
grille de lecture de ce fichu pays ? Equations, philosophie, aucune clé ne
m'apporte ne serait-ce qu'une once de compréhension. Ici, rien n'est comme chez
nous. Je ne parle pas du style vestimentaire, de la nourriture ou de la place
de la femme dans la société. Pour cela, ce serait comme dans tous les autres
pays que l'on a visités : s'informer, apprendre les codes, les us et coutumes
et respecter sans juger. Pour cela, il y aurait un début, un milieu et une fin.
Ce serait soit blanc, soit gris, soit noir. Non, je veux parler de ce grand
tout qui forme l'Inde. Du sacré qui se nourrit d'ordures, de ses vendeurs qui
ne voient en nous qu'un porte-monnaie sur deux roues et des autres qui nous
offrent l'hospitalité pour la nuit. Du tout permis qui côtoie le ridicule
interdit (deux nuits maximum dans une guest-house presque vide), la frénésie de cette
grande fourmilière à laquelle on aurait remplacé les mandibules de ses
habitants par des klaxons fous. Odeur, chaleur... Surtout ne pas trébucher, ne
pas tomber. On ne saurait où s'accrocher, se retenir dans ce monde qui me paraît
virevolter comme une nuée de papillons endiablés.
Si Aline semble trouver ses marques dans cette ancienne colonie britannique,
cela me semble être plus difficile. Montagnes, froid, forêts, déserts,
distances... voilà des mots qui raisonnent en moi. ça s'organise, se prépare, se quantifie, se calcule...
Fichu Olivier, tu ne changeras donc jamais ? Ou t'es-tu déjà trouvé? OF 21.12.12
PS: Vous êtes nombreux à vous être préoccupé de ma santé. Alors oui,
aujourd’hui, je vais mieux. Merci. 26.12.12
SALAM les amis,
RépondreSupprimerJe suis pertinemment sûre que tu te relèveras avec plus de force pour continuer le chemin et explorer l'inconnu. Que la force soit avec toi et avec Aline et que la joie vous accompagne everywhere....
Mohamed DXB