Terminons ensemble

Nos affaires sont propres, rangées dans leur carton. Seule ma vieille plume de voyageur traîne encore sur notre table. Elle me semble triste, dépourvue de sens. Elle qui s'est remplie des meilleures encres, qui a gratté des papiers de tous horizons. Refaisons équipe une dernière fois. Attaquons cette ultime feuille de papier qui nous servira de testament. Ma gorge est serrée. Je me sens perdu, alors que je suis chez moi. « Bien sûr que cela va ! » Mais comment expliquer l'inexplicable ? Comment répondre à ces questions de courtoisie qui n'attendent pas forcément de réponse ? Une amie de voyage nous a offert une pensée amérindienne. Une pensée qui nous dit qu'après un long trajet, il faut donner du temps à l'esprit pour qu'il puisse retrouver son corps. Faudra-t-il que l'on attende les premières neiges ou cela sera-t-il plus long encore ? Si l'enveloppe n'a pas vraiment changé, j'ai un peu peur que la lettre soit différente : couverte de ratures, d'annotations dans la marge et de post-scriptum. Mais plus troublant encore, je m'inquiète de son utilité dans un monde de courrier électronique. Il ne nous faut pas céder mais « pousser » à l'image de ces arbres de Patagonie : avec lenteur et dans le sens du vent. Il nous faut nous souvenir de ces petits apprentissages qu'offre le voyage. Aujourd'hui, nous le savons ! Que nos « mondes » soient petits ou grands, ils ont des portes. Et ces portes, qu'elles soient petites ou grandes, ne sont jamais fermées à clé. OF 27.06.2014

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