Frontière Arménie - Iran

C’est le 12 septembre que nous nous levons avec la ferme intention et un soupçon d’appréhension, d'entrer en terre iranienne. Nous plions notre tente sous un ciel menaçant et nous nous laissons glisser jusqu’à la frontière, en contrebas. Quelques kilomètres plus loin, nous apercevons les premiers signes annonciateurs de la frontière irano-arménienne : un panneau. Un panneau informatif écrit en arménien, anglais et farsi : « Seules les personnes munies d’un passeport en règle sont autorisées à continuer leur route. » On s’arrête pour la photo. Sortant de nulle part, un garde-frontière portant les couleurs de la Russie nous interpelle dans un anglais approximatif : « What foto ? » Un garde-frontière russe ? Ah oui, ce sont eux qui surveillent la plupart des frontières arméniennes. Ceci dans le but d'éviter que les méchants Iraniens, Turcs et Azeris, violent cet ancien territoire de l'ex-grande URSS. On s’explique avec le monsieur et quelques minutes plus tard, nous revoilà sur nos vélos avec pour ordre de ne plus rien photographier jusqu'à la frontière. Et c’est depuis cette rencontre inattendue que le décor change. Si le paysage reste somptueux, une grande barrière en bois bardée de fil de fer barbelé, longue de plusieurs dizaines de kilomètres et d'au moins deux mètres de haut, nous sépare de l’Iran. Une vraie place forte ! Miradors, patrouilles véhiculées, portes grillagées… l’Homme dans toute sa terreur de l’autre. Une fois le poste-frontière arménien atteint, on nous fait poireauter dans une salle d'attente pour que quarante-cinq minutes plus tard, un fonctionnaire vienne nous apposer un bête tampon dans nos deux passeports et nous indique la direction du no man’s land. Ce dernier nous ouvrira - enfin - les portes de l’Iran. Ah non, j'allais oublier Le Pont. A son extrémité sud, le drapeau iranien flotte dans une petite brise. Au nord,  le drapeau russe profite du même petit air. Il faudra que je vérifie la définition d’indépendance un de ces jours ! Perplexes, nous entamons la traversée de cet ouvrage. Passant devant un soldat russe, je lui demande si je peux le photographier. Ne trouvant pas ma requête très amusante, il me rétorque que les photos sont interdites également sur le pont. J’en prendrai tout de même deux, de nous, en cachette.

L'Iran ou plus exactement la République Islamique d’Iran. Aline a son voile, j’ai mis mes pantalons. On répond donc aux normes vestimentaires du pays. Etonnamment, l’administratif relatif à notre entrée est légère : contrôle des passeports, noms, professions, état civil...

« Are you Olivier Robert ?
Yes.  (ça c’est fait ! ),
-  Name of your father ? 
- Christian. » 

C’est là que ça se gâte ! Le garde répète le nom de mon père avec l’accent anglais et ça nous donne « christianne ». A savoir qu’en Arménie, ce mot signifie « orthodoxe ». Alors passez la frontière d’une république islamique avec un père qui s’appelle orthodoxe et vous verrez la tête d’un fonctionnaire surpris, songeur et pas forcément joyeux. Enfin, le premier fonctionnaire me fait signe d'avancer et d'aller me présenter au fonctionnaire suivant. Une vraie joie de vivre ambulante ! Apparemment, ses parents ne lui ont pas fourni l’option sourire. D’une voix monocorde, il nous requestionne sur notre état civil, métier, destination… Après ce ballet de questions, Aline s’entend dire, par un homme qui souhaite entrer en Arménie, qu’elle ne parle pas bien l’anglais. Cela aura pour effet de l’énerver un rien, elle qui est la linguiste de notre expédition. Dernière étape : bureau de change. Ici, c’est tout simplement magique. Vous entrez avec trois billets de banque et vous sortez avec une liasse qui n’entre pas dans le porte-monnaie. La folie ! Là, on ne pose pas de question. On tapote sur des calculatrices, on compte et on recompte... avec le sourire ! Sourire qui depuis se lit sur tous les visages que l’on rencontre. Un vrai bonheur ! OF 15.09.12


9 commentaires:

  1. Bonne découverte de l'Iran, pays démesurément chargé d'histoire et de culture!

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  2. Bonne continuation à vous deux!!! C'est toujours un plaisir de vous lire et de savoir que tout va bien... Pleins de pensées! ps: Aline, moi même je sais que tu speak a good english!
    ps2: je sais enfin à qui est la jaquette blanche que tu aimais tant!
    Gros bisous!

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    1. Et alors, tu laisses planer le suspens ??? qui est la (ou le) detentrice de cette fameuse (et certes tres confortable) jaquette ??? BECS Aline

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  3. C'est la moins fameuse et confortable Alexia... Qui t'embrasse fort d'ailleurs! Énorme bisou la belle et plein de pensées!

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  4. Heu non moins j'voulais dire, mais nous nous sommes comprise...

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