Une nuit chez un gourou

C'était dans l'après-midi, lorsque les pédales semblent plus lourdes que d'habitude, qu'un homme à moto nous fait signe de stopper. On obtempère et nous nous apprêtons à répondre : « Switzerland », « Olivier et Aline », « Go to Nepal ». Mais rien de tout ça n'arrive. Ce motard-là, nous propose simplement de le suivre et d'aller boire un tchai dans sa maison. Quelques minutes plus tard, nous voilà donc confortablement installés dans des chaises de jardin, une sous-tasse de ce précieux breuvage à la main. Oui, au Gujarat, ils servent volontiers le tchai directement dans la sous-tasse. Nous ne sommes pas seuls. Quelques hommes partagent les mêmes sièges que nous alors que notre hôte, tout vêtu d'orange, trône sur un sofa de la même couleur que lui. C'est que ce dernier n'est pas n'importe qui. C'est un gourou hindou et sa maison est un ashram. Nous passerons tout l'après-midi en sa présence, assistant à la vie de ce lieu saint. On vivra le rituel que les fidèles exécutent lorsqu'ils arrivent ou partent de l'ashram. Cérémonial où ils touchent le pied du gourou de leur main et la porte à leur thorax. Cela donne l'impression qu'ils s'imprègnent de la « pureté » de leur maître spirituel. La simplicité de notre gourou Babou me laissera songeur : sourires et rires en permanence, sac à bonbons pour les enfants des fidèles, énorme plaisir à jouer avec son chien. Toujours à la recherche de faire plaisir et de rendre heureux. L'après-midi touchant à sa fin, notre gourou orangé nous propose de rester souper et dormir dans sa demeure. Nous ne pouvons refuser ; des pèlerins sont sur le point d'arriver et nous voulons en savoir plus sur ce lieu de vie. Dans l’attente du soir, nous nous prélassons sur de grands lits en cordage lorsque une trompe retentit. Il est l'heure de la cérémonie religieuse et le maître des lieux souffle dans un grand coquillage pour réunir ses fidèles. Ensuite, c'est une petite cloche qui prend le relais. Clochette qu’il l’agite tout en parcourant son ashram. Profitant de cette « balade », notre hôte encense toute sa demeure. Réserve à outils y compris. On observe et restons un peu en retrait du groupe. Une fois les lieux bénis, c'est au tour des fidèles de s'imprégner de cette fumée. A la suite de la bénédiction des fidèles, après une brève hésitation, le gourou s'approche de nous et nous propose de faire de même. Difficile de refuser dans de pareilles circonstances. Nous voilà donc sous la protection d'une multitude de divinités ou simplement sous celle de Brahmā. Le rituel se termine et l'heure du repas arrive. Nous mangeons avec les pèlerins qui engouffrent leur nourriture à une vitesse folle. Les pauvres diables, on dirait qu'ils n'ont pas mangé depuis une éternité. Nous restons donc seuls à terminer nos assiettes, sous les yeux attentifs d'une quinzaine de personnes. A la fin du repas, nous gagnons nos lits tout confort pour une nuit courte et un peu agitée. Le réveil s'effectuera un peu avant 6 heures du matin. Et dormant dans une salle commune, on aura droit aux ronflements du gourou, à d'énormes rots de je-ne-sais-qui et d’un ou deux cris de fidèles. Sans aucun jeu de mots, cela aura été une sacrée expérience. OF 31.12.12

2 commentaires:

  1. Merci pour partager votre moment de plénitude chez l'ashram. Je suis très contente de lire que vous prenez le temps de vous arrêtez à l'improviste. Vous avez dû vivre là un moment exaltant et les gestes d'hospitalité sont extrêmement précieux et ne se font que trop rare. bien à vous,z.

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  2. Il faut de tout pour faire un monde. Une sacré expérience dont je suis sûre que vous allez encore revoir un peu partout en Asie. Je me permets de vous poser une petite question, que pensez vous d'un rituel qui se répète de la même manière le long de la journée?

    Merci encore pour tout vous nous faites découvrir à travers vos explorations des continents.
    Grand salam de Dubaï
    Mohamed et la petite famille Selougha

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