De Kapan à Bandar Abbas

Les derniers jours en Arménie résonnent avec pluie, ciel couvert et fraîcheur. A quelques dizaines de kilomètres de la frontière iranienne, cela sonne faux. L’Iran, n’est-ce pas un pays où il fait beau et chaud ? Et bien si ! Le matin en Arménie : météo grincheuse. Le même après-midi en Iran : grand ciel bleu. Les clichés sont préservés… pour l’instant du moins.

Un passage de frontière sans grande difficulté. Un passage qui implique des changements d’habitudes, de vêtements, de culture. Ici, fini de se tenir par la main ou de se faire des becs en public. Ici, port du voile obligatoire pour les femmes. Ici, générosité et hospitalité. Et puis toutes les autres différences plus subtiles que nous découvrirons jour après jour.
Premier jour en Iran, premier contrôle par des militaires. Avec un grand sourire, les soldats nous demandent nos passeports, tentent de comprendre ce qui y est écrit, se tournent vers Olivier et lui demandent « Ôlivier Rôberte ? » avec un accent du tonnerre. Ils nous demandent ensuite le nom de nos pères et notre nationalité. Ils notent tout cela sur un petit bout de papier volant puis nous rendent les passeports en nous souhaitant une bonne route. Par la suite, ces contrôles deviendront une routine. En tout, nous en aurons plusieurs dizaines, opérées par la police locale, la police de la charia ou les militaires. A vrai dire, nous n’avons pas encore tout à fait compris qui était qui.
Nos premiers achats en ville de Jolfa nous laissent pantois. De deux choses l’une : soit on nous a fait des prix touristes, soit le coût de la vie est bien plus élevé que prévu. Et dans ce dernier cas, nous risquons fort de ne pas avoir assez d’argent pour tenir deux mois. Petite précision : en Iran, il nous est impossible de retirer de l’argent. Il nous a donc fallu réaliser nos réserves pécuniaires en Arménie… et faire avec. 
Nous découvrons un réseau routier et une signalisation presque similaire à la Suisse. Les panneaux principaux sont traduits en lettres latines. Mais pas tous. Notre première tactique est de photographier les panneaux traduits pour pouvoir redéchiffrer ceux qui ne le sont pas. Deuxième stratégie : une carte routière en farsi. Nous demandons aux gens de nous traduire oralement le nom écrit des villes, ensuite nous nous adonnons au jeu des « mots-qui-se-ressemblent » entre cartes et panneaux. Et ça marche plutôt bien. Je parlais des petits détails qui témoignent de nos différences : en voici un à propos des panneaux de signalisation annonçant une forte pente. Si dans certains pays des panneaux affichant une descente nous ont fait suer à la montée, ici, pas de quiproquo. Il y a une flèche qui indique le sens de lecture de la pente. Mais pourquoi donc tant de bon sens ? Simplement parce que la clarification est indispensable, vu que la lecture des textes se fait de droite à gauche mais celle des chiffres de gauche à droite... Alors une pente, ça se lit dans quel sens ?  
Les premiers jours sont chauds. Ils le sont d’autant plus avec notre accoutrement. Dur de trouver la bonne tenue qui à la fois couvre tout ce qui doit l'être et laisse passer l’air. Ma chemise achetée tout exprès se révèle être trop courte, trop serrée et trop chaude. En regardant autour de moi, je réalise que le vêtement du haut doit descendre au minimum jusqu'au-dessus des genoux. Alors j’ajoute mon pachemina autour de la taille. Cela fera l’affaire, question respect des règles. Par contre, côté esthétique et chaleur…  Je fais le tour de mes sacoches : la seule alternative est mon pull bleu, celui pour les temps frais, un peu plus long et plus souple. Mais pas moins chaud. Alors je serre les dents et je m’essuie régulièrement avec mon linge après avoir vérifié que personne ne me regarde. Et puis, après une dizaine de jours, je me rends à l’évidence : il me faut autre chose. Une tunique verte super large qui me transforme en vrai sac à patates ambulant. Mais quel confort ! De « sac à patates », je passe à « Robin des Bois » puis à « épouvantail », dixit Olivier. Je préférais Robin des Bois. Olivier, quant à lui, fera tomber la chemise lorsqu'il remarquera que le T-shirt est largement porté par les hommes.
Au fur et à mesure que nous roulons, nous confirmons une autre rumeur : l’hospitalité et la générosité des Iraniens. Notre réserve de fruits a rarement été vide. Les gens s’arrêtent au bord de la route, nous font signe de ralentir, ouvrent leur coffre et en sortent des pommes, du raisin, des grenades et parfois même des pistaches, de l’eau fraîche… ou une pastèque. Il y a même des gens qui ont entendu parler de nous et qui font le trajet juste pour nous voir et nous offrir un petit quelque chose. Toute cette attention portée sur nous, la curiosité et l’enthousiasme des gens, nous font prendre conscience à quel point l’Iran est encore préservé du tourisme étranger de masse. Et c’est tant mieux pour nous. L’hospitalité peut prendre parfois des proportions surréalistes, comme cette folle nuit au-dessus de Malekan, sur une aire de pique-nique inachevée où nous avions décidé de camper. Alors que nous cuisinons notre souper, un jardinier travaillant dans le coin l’après-midi revient avec femme, enfant et panier de victuailles : melon, noix et raisins que nous mangeons tous ensemble. A la fin, nous sommes un peu gênés car personne ne parle et tout le monde reste planté là. La nuit commence à tomber et notre souper continue de mijoter. Finalement, la famille part et nous dit qu’elle va revenir. Bon. Nous continuons notre cuisine. La famille réapparaît, cette fois au grand complet et avec du pain ! Alors nous leur proposons de souper tous ensemble. « Oh noooon, répondent-ils tous en coeur, c’est juste pour vous ! » Alors nous soupons devant tout le monde. Une fois l’obscurité totale, ils repartent. Il est déjà 21 heures, nous sommes raides. Mais voilà-t-y pas qu’un autre gaillard, lui aussi rencontré dans l’après-midi, arrive avec de quoi faire une orgie de kebab pour au moins vingt personnes ! Notant que nous n’avons rien d’assez grand pour cuire la viande, il repart chercher du bois pour faire un feu. Il revient avec de longs rondins qu’il s’applique à fracasser sur les infrastructures du lieu de pique-nique. Lorsqu’il empoigne le dernier morceau, Olivier prévient : « ça va rebondir ! » Effectivement, le gaillard frappe le rondin sur la barrière mais le rondin ne cède pas. C’est lui qui vole. Vexé par cet échec, il réitère. Cette fois, c’est le rondin qui rebondit… dans son thorax. Malgré la souffrance de notre compagnon, je ne peux m’empêcher de prendre du recul sur la situation pour en mesurer le caractère rocambolesque. Nous voilà au beau milieu de la nuit, perdus sur une colline, avec un homme plié en deux de douleur et une montagne de nourriture qui restera intouchée. Avant de partir, l’homme nous prête encore un poing américain, une chaîne et un couteau papillon. Il va aller dormir dans sa voiture, un peu plus loin et se recommande pour que nous l’appelions avec notre lampe frontale si nous avons un problème.
Notre première grande ville irannienne sera Tabriz. Découverte de la jungle automobile. Si en dehors des villes la conduite des Iraniens reste correcte, une fois à l’intérieur, c’est le capharnaüm. Pas de priorité, c’est à qui force le plus. Imaginez donc les ronds-points à trois voies… Les feux ? Bien sûr, il y en a ! Mais on se demande encore pourquoi. La manœuvre « marche arrière de cinquante mètres sur une grande artère » a probablement dû remplacer celle du « stop devant un passage piétons » à l’examen de conduite. Nous profitons de ce passage en ville pour passer dans une banque et résoudre l’énigme des prix. En un instant, nous nous retrouvons deux fois plus riches que ce que nous pensions. En effet, la valeur du dollar américain a explosé dernièrement et le taux de change que nous avions en tête est largement périmé ! De ce fait, nous nous rendons compte que tout est devenu super bon marché !  
Depuis Tabirz, nous piquons plein sud. Téhéran ne sera pas au programme. Nous préférons explorer le Kurdistan iranien et ses montagnes. En chemin, nous y rencontrerons un cyclo-voyageur anglais de soixante ans et un couple néo-zélandais-australien aussi à vélo. C’est lorsque nous nous trouvons à Takab, capitale kurde, que Charlie Hebdo sort sa caricature à laquelle l’Iran réagit officiellement. Nous ne savons trop quoi penser de la situation… Un fossé se crée entre ce que l’on peut lire sur Internet et ce que nous vivons. Le gouvernement suisse est le seul d’occident à ne pas fortement déconseiller tout voyage en Iran. Mais ici, il n’y a aucune marque d’animosité envers nous. Au contraire. Tout semble être calme. Alors nous continuons. La Suisse a d’ailleurs bonne réputation. Lorsqu’une ville d’Iran sort du lot de par son niveau de propreté, de qualité de vie ou de sécurité, on dit que c’est « une petite Suisse » ou « un Koweït ». Une rumeur circule même qu’en Suisse il n’y a pas de prison !
A Arak, en fin d’après-midi, nous nous arrêtons chez Hossein et sa famille. Nous les avions rencontrés sur la route lors de notre deuxième jour en Iran. Ce soir-là justement, le cousin de la femme de Hossein se marie. Nous avons donc la chance de pouvoir participer à une partie de la soirée. Si la notion de mariage est internationale, la célébration est loin d’être similaire partout. Que de différences ! Lorsque nous rejoignons les invités à l’heure du souper, on nous sépare. Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Les mariés se trouvent dans la salle des femmes, dans un coin, assis sur un canapé et mangeant sans aucune autre compagnie. Plat unique, service cantine et doggy bag pour les restes. Bien sûr, pas d’alcool. Et une fois la dernière fourchette de riz enfournée, les gens se lèvent et quittent la salle. S’en suit un moment de danse devant la maison des parents du marié. Malheureusement, nous loupons l’égorgement rituel du mouton et le lancer des œufs au sol, notre hôte ayant préféré nous faire visiter la ville en voiture. Les mariés sont assis contre le mur de la maison, la mariée entièrement recouverte d’une cape pendant que des invités dansent au milieu d’un cercle. Puis les mariés et certains intimes rentrent dans la maison. La suite, nous ne la connaîtrons pas. Notre suite à nous, c’est une after familiale chez Hossein. Il est passé 1 heure et demie du matin lorsque nous nous couchons. La journée suivante se passe sur les chapeaux de roues. Notre hôte nous dit à chaque instant « be relax », mais son hyperactivité est ô combien communicative. Nous enchaînerons visites du bazar et des musées de la ville, visite des « kébaberies » pour trouver notre dîner, retour à la maison pour le repas, sieste – ouf -, thé rapide, re-départ pour visiter un village, découverte d’un « comptoir » folklorique, « avalage » d’un hamburger dans un fast-food et, dernière étape et apogée de notre journée, la rencontre de la famille au complet dans la maison de la grand-maman. Une vingtaine de personnes venues tout exprès pour nous voir. Premier tableau : nous, assis par terre d’un côté du salon - vaste pièce recouverte de tapis et dont le seul meuble est celui de la télévision - toutes les autres personnes assises en face nous scrutant silencieusement. Deuxième tableau : nous, toujours assis à la même place, la famille agglutinée autour de nous, à nous poser tous en même temps mille et une questions dans un vacarme du diable. Nous ne savons plus où donner de la tête. Eclats de rires, mimes, dessins, gêne parfois. Car il n’est pas facile de répondre à la question « Qu’est-ce que vous pensez de notre président ? » Vers 2 heures du matin, nous sommes lessivés mais heureux. Le lendemain, il nous faut reprendre la route, Hossein travaille. Nous aurons besoin de deux jours pour récupérer.
Au fur et à mesure de notre avancée, Olivier laisse derrière lui ses kilos s’envoler. Nous introduisons donc des collations pour pallier cette perte de poids. Mais il faut dire que la monotonie de nos repas et la chaleur n’aident pas. Puis, au vu des fringales nocturnes, nous suspectons des locataires intestinaux.
Le 2 octobre, nous arrivons à Isfahan, après 70 km. avalés en à peine plus de trois heures. Eh oui, le vent n’est pas toujours de face. Trois objectifs pour cette ville : prolongation des visas, repos et visite de la ville. Premier objectif rempli avec succès. Malgré le fait que nous soyons hors délai  - car trop en avance - pour faire cette démarche, l’employé nous délivre le trophée : un nouveau visa d’un mois. Soulagement. Deuxième objectif plus difficile à atteindre : nous avons de la peine à rester sans rien faire. Troisième objectif : nous déclarons forfait et proclamons que nous sommes nuls en visites de ville. Bon, il faut dire aussi que nous avons un guide, « Le Petit Futé » pour ne pas le nommer, qui publie des plans erronés, ce qui ne nous facilite pas la tâche. N’empêche, nous réussirons à visiter deux belles mosquées ainsi que le bazar. Et puis, il y a ce que l’on prévoit et il y a l’inattendu. Comme le fait de retrouver les cyclo-voyageurs anglais et néo-zélandais-australien dans le même hôtel que nous. Tous ensemble, avec encore un couple de Danois à vélo également et un Français, nous allons manger dans l’un des nombreux restaurants traditionnels de la ville. L’occasion de parler avec des personnes qui ont le même cadre de références que nous. ça fait du bien.    
Plutôt que les grandes routes, nous optons pour celles plus petites pour relier Yazd. Comme des grands, on passe devant le centre militaire de recherches nucléaires sans vraiment le savoir. Evidemment, contrôle de police. Celui-ci dure particulièrement longtemps, plusieurs coups de fils sont donnés, les données de nos passeports consciencieusement notées. On nous laisse repartir en nous précisant que les photos sont interdites dans cette zone. « Oui Monsieur. » A peine plus loin, deuxième contrôle. Mais cette fois, c’est une dizaine d’agents qui sortent de nulle part et qui nous entourent. Des uniformes de toutes les couleurs ! Des militaires, des policiers, des agents de la sécurité… Et un civil, réquisitionné pour traduire. Ce qui ne nous est pas utile, vu qu’il nous suffit de patienter sagement pendant que nos passeports passent de main en main. Deux jours plus tard, nous bifurquons pour prendre une route traversant un désert. Avant cela, nous faisons le plein de boissons, soit environ 22 litres et achetons de la nourriture pour tenir trois jours. Heureusement, car les villages indiqués le long de cette route sur notre carte sont soit en ruines, soit inexistants. J’apprends à rationner la consommation de mon eau. C’est dur, surtout avec la chaleur. Le premier soir, la découverte d’une citerne d’eau stagnante et brunâtre ainsi que notre filtre à eau nous permettra de lâcher un peu du lest. Le désert. Rien autour de soi. Immensité. Tranquillité. Belle soirée sous les étoiles. 
Et puis à nouveau la ville, celle de Yazd. On nous en avait tellement parlé ! Nous sommes pour le coup un peu déçus. Certes les constructions en torchis sont belles. Mais après avoir traversé tant de villages construits de la même manière, la surprise est pour nous nettement moins grande que pour ceux qui débarquent d’Europe en avion. Nous nous offrons quand même deux jours de repos. L’occasion aussi de faire notre bilan des six mois de voyage. Un bilan tout bien comme on nous l’a appris à l’école sociale : points positifs, points négatifs et pistes de solutions constructives pour chaque point négatif.
Nous repartons après nous être réapprovisionnés pour trois jours d’autonomie. Nous allons traverser une zone sans village important et maintenant nous nous méfions des indications de notre carte. De longues routes droites sans fin nous mènent ensuite peu avant Kerman. Pour nous aider à oublier cette rectitude, nous déployons la panoplie des jeux oraux : « Devine à qui je pense », « Devine à quel film je pense » et «Enumération des minéraux commençant par la lettre D ». Mais surtout, c’est le passage du cap des 10’000 km. qui nous ravit !
Notre but est ensuite de traverser la chaîne de montagnes qui nous sépare du désert de Shahdad en prenant des petites routes. La montée déjà bien entamée, nous nous retrouvons face à un dilemme. Plusieurs voitures se sont arrêtées pour nous dire de rebrousser chemin et de prendre la grande route passant par Kerman pour relier Shahdad. Pourquoi ? Nous n’arrivons pas à le savoir vraiment. Est-ce uniquement parce que ce n’est pas une route goudronnée ? Est-ce qu’il n’y a plus du tout de route ? Est-ce parce qu’il y a d’autres dangers tels que des gens enturbannés et armés, comme nous l’a mimé un des conducteurs ?  Et c’est précisément ça le problème : ne pas savoir. A contre-cœur, nous rebroussons chemin, énervés de ne pas suivre notre propre itinéraire mais nous disant que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Le lendemain, nous passons à Kerman. Et c’est tant mieux pour moi car je ne me sens pas bien. Du coup, deux jours au lit. Un auto-diagnostic de giardiase et des antibiotiques plus tard, nous reprenons la route. Nous nous attaquons à nouveau aux montagnes, cette fois aux sommets enneigés par les premières précipitations de la saison. Après deux jours alitée, c’est rude. Comme par enchantement, en fin d’après-midi, un homme nous invite à venir dans sa maison perchée dans les montagnes. Tous les membres de sa famille nous y accueillent. Après avoir papoté, mangé et bu, ils nous annoncent qu’ils vont redescendre à Kerman et qu’ils nous laissent la maison. Nous comprenons alors que nous sommes dans leur résidence secondaire. Notre hôte nous fait faire le tour du propriétaire pour nous expliquer les astuces de la douche, le fonctionnement de la télévision, comment fermer à clé le lendemain… « Et dans le frigo se trouve une tarte, servez-vous ! » Nous tombons des nues puis jouissons de notre palace d’un soir. Le lendemain, un tunnel nous épargne les 10 km. de montée prévus. Puis une belle descente nous amène à Shahdad. Ce n’est pas vraiment le désert de sable que nous imaginions. Alors, nous décidons de pousser plus loin. Ce n’est encore pas ça. Puis nous nous rendons compte que sous les monticules aux allures cartonneuses qui nous entourent, il y a bel et bien du sable ! Eh oui, la pluie de ces derniers jours a en réalité transformé nos belles dunes. Car si ce désert est censé être l’endroit le plus aride et chaud de la terre, selon certains Iraniens, c’est aussi là que nous avons eu la météo la plus capricieuse d’Iran. Le lendemain, nous attaquons notre itinéraire longuement étudié sur la carte ; celui-ci devrait nous éviter de refranchir le col que nous avons emprunté à l’aller. Mais que nenni les amis ! C’est que la route n’est pas asphaltée ! Le problème ? Il n’y en a pas pour nous, mais pour la police locale, si. Alors que nous sommes engagés sur la piste, nous nous voyons rapidement rejoints par la police qui nous « escorte » jusqu’à la ville suivante. La police s’en va ensuite chercher une traductrice pendant que nous pique-niquons à l’ombre de dattiers. « Vous ne pouvez pas continuer sur cette route, qu’on nous dit, c’est dangereux. » A nouveau, impossible de savoir quel est le danger. La police ne veut pas que l’on poursuive notre itinéraire. Nous, nous ne voulons pas refaire le col à vélo. Compromis : ils nous véhiculent jusqu’au col. Ainsi débute le bal des voitures. Nous sommes d’abord chargés avec les vélos dans le pick-up de la police. Puis nous sommes transférés, nous et nos montures, dans la voiture réquisitionnée d’un quidam. La nouvelle formation est escortée par des agents de police à moto. Puis nous changeons à nouveau de voiture pour aller dans celle d’un autre civil réquisitionné, les vélos restant dans celle du quidam. Peut-être étions nous trop lourds pour la montée au col ? Et c’est ainsi que nous arrivons là où nous étions deux jours auparavant…
Dernière ligne droite de notre périple en Iran pour rejoindre Bandar Abbas. Un virage néanmoins pour célébrer la Fête du sacrifice dans une famille d’éleveurs (cf « Eid-E Ghorban »). Après deux jours dans cette famille, nous repartons les sacoches pleines de confiture maison, de lavash fait par la grand-maman et de noix. L’humidité et la chaleur du golfe persique nous assaillent dès les premiers kilomètres. La température, mais aussi la fatigue accumulée, le niveau de saleté de toutes nos affaires et de nous-mêmes, nous rendent impatients d’arriver à Bandar Abbas.
Nous y sommes depuis maintenant une semaine. Nous avons pris nos quartiers dans la chambre climatisée d’un hôtel et essayons péniblement de venir à bout de notre « liste-des-choses-à-faire ». Démarches administratives, grands nettoyages, réparation et rafistolage de notre matériel qui commence à fatiguer, « bichonnage » des vélos, achats divers… et grasses matinéesAG 05.11.12

1 commentaire:

  1. Encore pleins de pensées pour vous, comme chaque jour"Et encore merci de nous faire partager tout ça!

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