De Hami à Dunhang

Hami, grande ville que nous ne ferons qu'effleurer. Un simple coup d'oeil à sa fierté urbaine et aux routes qui la traversent nous fait sentir que nous sommes de retour à la civilisation. Mais un jour de vélo supplémentaire et nos conclusions hâtives s'effondrent. Avec le nord de la chaîne des Tian Shan, nous pensions avoir traversé un « bout du monde ». Nous réalisons maintenant à quel point il était en fait habité. Ici, le désert minéral règne véritablement en maître. Et des âmes qui vivent, nous n'en croisons qu'à trois endroits seulement : sur l'autoroute, sur les aires de parking et dans les stations-service qui bordent l'unique artère. Pas de village. Pas de troupeau. Les ronds indiqués sur notre carte, censés représenter des villes ou des villages (enfin, la légende est en chinois...), ne sont en fait que des lieux-dits. N'ayant pas anticipé sur cette pénurie de lieux de ravitaillement, nous nous rabattons sur ce que les restaurants pour routiers vendent, c'est à dire des noodle soups, du chou chinois, des oeufs parfois.
Notre rythme quotidien est dépendant du fait que nous avons un visa d'un mois et que nous ne pouvons le renouveler qu'en certains lieux définis. Tout prévoyants que nous sommes, nous avons multiplié additions, soustractions et divisions pour arriver à un nombre moyen de kilomètres quotidiens à réaliser jusqu'à notre première prolongation. Mais c’est tout penauds que nous avons dû nous résoudre à une évidence. Le vent est plus fort que l’entendement. Le calcul devient alors des plus simples : on efface tout et on avance, tant que l'on peut. Car lorsqu'un vent de face d'une vitesse moyenne de 30 km/h. - avec des pics à plus de 45 km/h. - fait vibrer chaque cellule de notre corps et nous contraint à marcher à côté de notre vélo, tout s'effondre. Une seule rafale et l'idée de parcourir les 70 km. prévus au programme s'envole.
Le 15 mai, nous quittons le Xinjiang et nous entrons dans le Gansu. Notre deuxième Chine s'ouvre à nous. Il n'y a plus trace d’ouïghour sur les panneaux routiers. Par contre, les signes chinois sont bien souvent traduits en caractères latins. La langue de Shakespeare n'en est pas pour autant plus répandue dans la bouche des locaux. Par la force des choses, petit à petit, notre chinois prend forme. On sait demander les prix et on parvient à comprendre les chiffres. On s'aide de notre petit livre d'images, du lexique de notre guide touristique et des mimes. Bon, notre langage improvisé manque encore quelque peu d'entraînement. Peut-être qu'un jour arriverons nous à commander des oeufs crus à l'emporter sans nous retrouver devant une assiette d'oeufs brouillés. 
Après seize jours de vélo en terre chinoise, nous atteignons Dunhuang. Nos corps fatigués nous demandent comme ils le peuvent un peu de repos. Bon, demande accordée. Vous avez deux jours pour vous remettre en état. Ensuite, nous devons attaquer la dernière ligne droite avant la ville où nous renouvellerons nos visas. Alors nous choyons nos corps : première douche depuis notre départ d'ürümqi, victuailles fraîches du marché pour remplacer les noodle soups ou la viande sous vide... Et nous avons déniché un lieu adéquat pour cette remise en forme : une auberge de jeunesse située à côté des incroyables dunes de sable à l'extrémité de la ville. Eh oui, nous avons beau en avoir déjà vu, elles nous font toujours de l'effet.
Mais aujourd’hui, le plus beau des cadeaux vient de vous, amis et famille. Ouvrir notre boîte mails, y découvrir un bouquet fleuri de messages, nous enivrer de son parfum d'amour et d'amitié et nous laisser bercer par la joie qui en émane. Alors merciAG 17.05.13

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