1er juillet (extrait du journal de bord)

Pluie, pluie, pluie. Toute la nuit. La tente n'est plus étanche : la toile externe perce tout comme la fermeture éclair de notre habitacle. On a de sacrés doutes sur l'imperméabilité du sol également. Difficile de dormir sereins lorsque la peur d'être mouillés à l'intérieur nous tient. Au matin... joyeux anniversaire ! Ça doit bien être la première fois qu'Olivier a droit à une météo aussi capricieuse pour sa fête. L'avantage de la pluie, néanmoins, c'est le déjeuner au lit. On prend le temps, peu pressés de lever le camp, car la grisaille du ciel ne promet aucune amélioration. Notre soleil du matin, ça sera la boîte jaune de Ricola. Avez-vous déjà remarqué à quel point le paysage alpin qui s'y trouve est magnifique ? Finalement, une accalmie s'annonce et l'on se décide à plier bagages. Bien sûr, à peine le nez sorti de la tente, l'averse recommence. On n'est pas encore sur nos vélos que déjà nous nous sentons trempes. N'en reste pas moins que les paysages sont splendides. Du vert, du vert et du vert. Ou plutôt des verts, car les tons sont multiples. Un peu de rouge aussi. Les collines sont souvent scindées en deux par de longues failles sinueuses qui ajoutent un caractère brut à la douceur des verts. Dans un petit village où nous devons assurément être les premiers cyclo-voyageurs étrangers à poser pieds, nous nous arrêtons faire quelques courses. Une petite pièce, mais tout y est... un peu en vrac, certes. Quelques rayons de soleil finissent par percer, un petit espoir naît, la pluie diminue un instant... puis recommence. à la montée, nous poussons pour ne pas suer dans nos vêtements de pluie. L'imperméabilité a du bon, mais pas toujours. Pour dîner, nous nous arrêtons sous un pont : à l’abri de la pluie, mais en plein courant d'air. Aller rechercher la veste polaire dans nos sacoches, c'est prendre le risque de la mouiller. Alors autant dire que le temps de la pause sera juste suffisant pour avaler quelques paquets de noodle soup. Vers 14 heures, on rend les armes. A quoi bon persévérer ? Il n'y a absolument rien d'agréable à rouler ainsi trempés. On trouve un autre pont et l'on s'y installe. D'abord faire sécher la tente. Puis se changer. Puis faire du thé chaud. Pendant que je ventile manuellement le sol de l'habitacle de la tente encore trempe, Olivier surveille le petit filet d'eau qui a commencé à couler sous le pont. De petit filet d'eau, il devient gentiment petit ruisseau, lequel commence à menacer impertinemment le bien-fondé du choix de notre emplacement. Et puis ça y est, la petite rivière finit par franchir les tranchées qu'Olivier avait creusées dans le sable. La sentence sonne comme une évidence : il nous faut partir. Cela veut dire replier la tente, enlever les habits secs et chauds pour remettre ceux de pluie, rechausser les godasses gorgées d'eau... Un court instant à découvert et nous voilà à nouveau trempés. Nous roulons quelques kilomètres et apercevons une petite maison qui semble, de loin, être abandonnée mais qui s'avère être, de près, un temple religieux. Une dizaine de kilomètres de plus et nous trouvons un autre pont. Le problème : la tente occuperait toute la largeur de cet abri de fortune et il risque d'y avoir du passage motorisé. Un peu plus loin, après avoir encrassé sérieusement nos vélos d'une boue collante, nous atteignons une maison abandonnée. Un trois pièces, truffé de crottes humaines et de déchets. Et le toit qui goutte. Même en faisant un brin de ménage, nous ne parviendrions pas à tendre convenablement la tente. Alors tant pis, on se résout à la mettre dehors, sous la pluie, à la vue de tous. On s'y réfugie une fois toutes nos affaires rangées stratégiquement. Il est 18 heures et nous pouvons enfin nous consacrer au repas d'anniversaire ! Une saucisse au goût de jambon fumé, des cacahuètes en robe de sucre, des fèves grillées, des œufs de caille, une bouteille d'alcool local et, la grande trouvaille du moment, du fromage ! Certes, mongol, mais il est écrit « cheese » sur l'emballage. Une première morce... surprise ! Il s'agit plutôt d'une pâte de massepain pour ce qui est de la texture, d'un semblant de caramel mou pour ce qui est du goût et d'une petite note de lait pour finir la bouchée. Décidément, Chine et fromage feront toujours deux. Par contre, la surprise véritable de la soirée est l'apparition inattendue du soleil, qui parvient même à nous réchauffer de ses derniers rayons. Nous pouvons enfin espérer le beau pour demain. Pour terminer les festivités, une adaptation du traditionnel « soleil de Hawaï », version chinoise. Repus et rassurés par l'évolution de la météo, nous nous endormons sans demander notre reste. AG, 01.07.13 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire