De Hohhot à Pékin

Hohhot... Notre ville, notre coup de coeur. Oh ! elle n'a rien de bien extraordinaire au premier coup d'œil. Mais l'on s'y est senti bien. Juste bien. Et c'est tellement. Un Anglais qui y habite depuis quatre ans nous a confié que Hohhot était « la meilleure ville du monde où vivre », après Londres bien sûr, racines obligent. Pourquoi? Les gens. Deux mots qui résument toute la beauté de cette capitale provinciale. 
Pourtant, le début de notre relation urbaine n'a pas été des plus lumineux. Fatigués par notre longue route, nous nous arrêtons au premier hôtel que nous visitons. Pour un prix raisonnable, nous obtenons une minuscule chambre avec une petite salle de bain, mais sans fenêtre. Le manque de lumière et d'air ainsi que l'humidité stagnante de notre lessive ont raison de mon humeur. De plus, le cyber-café du quartier ne peut nous recevoir, « sorry ». Vous avez une carte d'identité chinoise ? A votre avis ! Alors non, vous ne pouvez pas avoir accès au réseau. A force d'arpenter les rues, nous trouvons un gérant de cyber-café qui a l'idée, oh eurêka ! d'utiliser sa propre carte pour nous valider l'accès. Juste à côté de l'établissement se tient un petit hôtel du genre de ceux qui n'acceptent pas les étrangers. Allez, tant qu'à faire, essayons ! Le propriétaire, un homme qui ne cesse de rire à longueur de journée, nous ouvre grand les portes de son modeste gagne-pain. Une petite chambre, avec fenêtre ! Déménagement immédiat. Je respire à nouveau. Bon, ce que je n'ai pas encore avoué, c'est que notre nouvelle chambre se trouve à deux pas d'un marché où les stands, tous plus alléchants les uns que les autres, éveillent les sens de l'aube au crépuscule. Ce quartier deviendra nôtre, le temps d'une semaine.
La raison première de notre venue à Hohhot était le renouvellement de notre visa. Nous en repartirons avec bien plus que ce sésame. C'est d'ailleurs le coeur lourd que nous reprenons la route. Mais d'autres contrées nous attendent ! Notre itinéraire : le Nord, à la recherche des grasslands, puis Sud-Est jusqu'à l'Océan Pacifique en passant par la Grande Muraille. Sur ma selle, un petit grain de sable vient se faufiler dans le rouage bien huilé de notre planning. Hohhot nous l'a pourtant confirmé : c'est dans les villes que nous apprenons beaucoup de la Chine. Et nous voilà partis pour un mois de quasi pleine nature. Ça déraille. D'autant plus que les rabatteurs des tours organisés pour la visite des yourtes mongoles nous assaillent dès la sortie de la ville. La promesse d'une terre sauvage et d'un peuple authentique est mise à mal. Changement d'itinéraire. On raie les grasslands de la liste et l'on y ajoute... Pékin ! Cap à l'Est ! Et c'est tant mieux, car nos attentes de verdure sont pleinement satisfaites par notre nouvelle petite route de campagne. Mais qui dit végétation luxuriante, dit pluies abondantes ! 
Pour la première fois en Chine, nous nous déplaçons sans carte détaillée, car nous voilà dans la province de Beijing. Ce qui n'était pas prévu initialement. Un seul nom pour nous guider, celui d'un tout petit village près de la Grande Muraille. Nous n'avons que des informations incomplètes, imprécises et même erronées sur la façon d’y accéder. La route s'allonge au fil des jours ; notre objectif s’estompe et l'on croit ne jamais plus pouvoir l'atteindre. Puis finalement, d'informateur en informateur, nous le trouvons, perdu au bout d'une petite vallée boisée. Un coup d'oeil à la ronde suffit à dissiper tous les efforts passés : nous sommes entourés par la muraille. Majestueuse, elle et ses nombreuses tours dominent la crête des montagnes qui nous surplombent. Ici, pas de complexes touristiques, pas de stands de coca ou d'attractions à la Disneyland. Ici, la muraille est intacte, épargnée des efforts de rénovation dont savent faire preuve les Chinois. Deux jours durant nous l'apprivoiserons. Authentique. Belle. Blanche de ses pierres de dolomite. Le temps l'a rendue farouche et inhospitalière par endroits. C'est qu'il ne faut pas avoir le vertige, l'équilibre précaire ou le pas mal assuré ! La difficulté de son accès renforce la splendeur des vues qui s'offrent à nous à chaque fois que l'on relève la tête. Spectaculaire. Non seulement la muraille qui serpente au loin mais aussi l'environnement dans lequel elle s'impose.  
Jamais nous n'aurions pensé qu'entrer dans Pékin à vélo serait aussi facile. Une route quasi rectiligne nous a conduits de notre petit paradis verdoyant et calme à la jungle lumineuse de la capitale. En grands optimistes, nous n'avions évidemment rien réservé. Une fois de plus, raison nous est donnée, car après quatre auberges de jeunesse complètes, « la Grenouille à 3 pattes » nous ouvre ses portes. AG, 11.07.13

La Cité Interdite


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