"Urbanitude"

On ne vous a fait que trop voyager dans ces grandes zones minérales bordées de déserts ou de chaînes de montagnes. Il est temps de nous accompagner là où la verticale se conjugue à merveille avec les cris des marchands, là où les ronronnements des grosses cylindrées et les odeurs en tout genre vous envahissent à chaque instant. Il est temps de vous asseoir quelques instants dans ce parc, si subtilement ombragé et de partager une glace au parfum maïs ou petits pois en notre compagnie. Bienvenue en ville chinoise ! Nous n'entrerons pas dans ces mégapoles telles que Shanghai, Hong-Kong ou Beijing. Non, nous nous limiterons à des villes d’un voire deux millions d'habitants « seulement ». Ici, on construit à tour de bras. Pas un building, ni deux, mais des quartiers entiers comprenant quinze, vingt ou même cinquante nouveaux bâtiments. Des projets architecturaux qui permettraient de reloger Corsier, Corseaux et St-Légier dans un seul et unique site. Face à ces chantiers, vous me trouverez perplexe. Si la Chine a une population de plus d'un milliard d'habitants, c'est également un pays qui « régule » avec une main de fer « ses » naissances. Alors qui viendra se parquer dans ces quartiers-villes ? Les vendeurs de boules vapeur ? Les bouchers ? Les « tofutiers » ? Je ne crois pas. Eux, il faut aller les chercher juste à gauche, entre les deux grands axes routiers qui traversent l'agglomération. Là, vous quittez le tumulte du trafic pour trouver les odeurs du marché. Fruits, viandes, légumes, viandes, tofus, viandes, voilà quelques exemples des étals, fourgonnettes, charrettes, tricycles que l'on trouve dans un tel endroit. Si l'on y achète généralement pour emporter, grand nombre de marchands proposent une petite table pour consommer sur place. Le marché chinois n'est pas un lieu de passage, mais un lieu de vie. Si l'on ose s'y perdre, on y découvrira des badauds jouant à de drôles de jeux de société ou l’on assistera à une partie de badminton que se disputent deux vendeurs de cellulaires. Ici, pas de tabous ! La mini-jupe se porte court, à mon plus grand plaisir. On chante en attendant le client, on rigole, on s'amuse. Et cela de deux à nonante-neuf ans. Les tout petits ont une mode des plus particulières. Leurs pantalons sont fendus au niveau du postérieur et ils ne portent pas de culotte. La journée se déroule donc au gré de dizaines de petits popotins tout fripés. Et quand je dis nonante-neuf ans, c'est le matin qu'on peut les rencontrer. Retournez dans ce joli parc de tout à l'heure. Là, vous y trouverez des dizaines et des dizaines de personnes plus toutes jeunes, armées de sabres, de lances, de chaînes ou de bâtons de bambou. Une véritable armée, à faire cauchemarder le Grand Khan, effectuant des gestes complexes et ordonnés, effectuant leur taï chi. Si le matin, ce sont les « cheveux blancs » qui occupent la place, le soir, ce sont leurs enfants qui prennent la relève. Leçon de danse : formant un grand cercle, les curieux peuvent observer des couples qui se font et se défont au gré des musiques. Et si le cœur vous en dit, trouvez une cavalière et lancez-vous. Ici on ne juge pas, on n'impose pas un style. Ici on s'amuse, on se détend à la fraîcheur du crépuscule. Mais où sont les jeunes, ceux qui arborent des coupes de cheveux à la Tokio Hotel ? Ceux qui portent des T-shirts aux slogans anglophones ou de la marque Paris. Eux, c'est dans les coins sombres qu'on les retrouve. Tu passes une porte, descends un escalier étroit, longes un long couloir et tu arrives dans une grande salle. C'est là qu'ils se cachent, plantés devant des centaines d'ordinateurs, à disputer des parties interminables. Le cybercafé, s'il a rendu l'âme sous nos latitudes, vit son âge d'or dans le pays du Milieu. Tant de différences et autant de similitudes. C'est qu'ils nous ont bluffés les Chinois ! Là où nous pensions nous retrouver étouffés par la foule, c'est une place aérée où l'on fait voler des cerfs-volants que l'on nous a proposé. Là où nous ne pensions pouvoir communiquer, c'est une véritable partie de Pictionary qui a démarré. Là où nous redoutions l'oppression et la délation, c'est la clé du pays que l'on nous a offerte. OF 30.06.13


1 commentaire:

  1. La glace aux petits-pois!!! Val avait testé à l'époque, trop étonnant, comme tout le reste et vous semblez y prendre goût!

    Que les Chinois continuent à vous bluffer, c'est top!

    L+V

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